"Pendant le règne de Jean-Claude Juncker, on criminalise le secret des affaires" selon Eva Joly. 1:10
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Eva Joly, députée européenne, se veut très critique sur Europe 1 vis à vis de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. 
INTERVIEW

Qui est Juncker, comment a-t-il été élu ? Invitée du Club de la presse vendredi, Eva Joly, député européenne, veut lever le voile sur le président de la Commission européenne, "un loup dans la bergerie", comme elle le qualifie dans son livre Le loup dans la bergerie- Jean-Claude Juncker, l’homme des paradis fiscaux placé à la tête de l’Europe aux éditions Les Arènes. "Jean-Claude Juncker est Premier ministre du Luxembourg depuis 1995, et ministre des Finances depuis la fin des années 1980", rappelle-t-elle. 

"Pendant son règne, on criminalise le secret des affaires. Alors qu’il est Premier ministre, une espèce de convention est passée entre les multinationales et le Luxembourg, et cela permet à ces entreprises de ne payer que très peu d’impôts. Le mécanisme, révélé par le scandale Luxleaks, est un vol du produit fiscal des pays où la plus-value est produite."

"L'impunité". Des méthodes qui ne l’empêchent pas d'être élu quelques années après, en 2014, au poste de président de la Commission européenne. "Ça s’appelle l’impunité. Cela fait 40 ans que la criminalité économique n’est pas punie. Tout le monde se servait du Luxembourg pour contourner la réglementation boursière, les embargos. Il ne serait pas possible de blanchir les fonds de la corruption si l’on ne pouvait pas ouvrir les sociétés à travers les banques luxembourgeoises", constate la députée écologiste. 

"Tout sauf Michel Barnier". Selon elle, Jean-Claude Juncker a été désigné candidat du PPE, le parti populaire européen, pour l'élection du président de la Commission européenne, car certains pays craignaient "une vraie régulation bancaire". L'autre candidat du PPE, en 2014, Michel Barnier, "avait un bilan, une vision très claire de ce qu’il fallait faire pour réglementer". "Je crois qu’ils se sont dit en Angleterre et en Allemagne, tout sauf Michel Barnier".

"Cela change". Qu'en est il de la situation actuelle ? "Je pense que cela change, sous la pression du Parlement européen et de l'opinion publique. Et cela change car on a eu des lanceurs d'alerte comme Antoine Deltour".