États-Unis : le Pentagone a payé des millions pour de fausses vidéos djihadistes

Le Pentagone a payé une entreprise britannique pour effectuer ce travail. Image d'illustration.
Le Pentagone a payé une entreprise britannique pour effectuer ce travail. Image d'illustration. © STAFF / AFP
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NM , modifié à
Ces DVD, disséminés par les soldats américains en Irak, étaient piégés afin de pister les personnes qui les visionnaient. 

Un société du Royaume-Uni a travaillé pendant trois ans pour le Pentagone en Irak afin de produire des vidéos de propagande. Si certaines promouvaient simplement la démocratie, d'autres faisaient de la fausse propagande djihadiste, selon une enquête menée par l'ONG The Bureau of Investigative Journalism et rapportée par le média suisse RTS.

Une mission "choquante". L'entreprise en question, Bell Pottinger, a travaillé de 2004 à 2007 en étroite collaboration avec de hauts gradés de l'armée américaine. À la clef, 100 millions de dollars par an dans les caisses de la société. Un des 300 employés impliqué dans la production des vidéos, Martin Wells, a expliqué à l'ONG que la mission qu'il remplissait était "choquante" et "révélatrice".

Des vidéos anti… et pro-Al Qaïda. Dans un premier temps, Bell Pottinger, arrivé dans le sillage de l'armée américaine en Irak, doit produire des vidéos qui font la promotion de la démocratie. Mais la société est ensuite amenée à réaliser des productions de pure propagande : des vidéos anti-Al-Qaïda, des reportages télévisés copiant les réalisations des télévisions arabes destinés à être revendus à des chaînes d'information mais aussi de fausses vidéos de propagande d'Al-Qaïda.

Des DVD piégés et suivis à la trace. Ces fausses vidéos étaient ensuite transposées sur des DVD piégés que les soldats américains abandonnaient aux domiciles qu'ils perquisitionnaient. L'objectif ? Identifier via les adresses IP les personnes qui les visionnaient. Selon Martin Wells, les DVD étaient ensuite pistés, notamment quand ils passaient à l'étranger. Ainsi, certains d'entre eux ont été retrouvés en Iran, en Syrie mais aussi aux États-Unis.