Entré en rébellion, le chef du groupe Wagner «a ouvert une guerre civile contre Poutine», assure Sergueï Jirnov

Le chef du groupe paramilitaire Wagner, entré en rébellion contre le commandement russe, a annoncé se trouver au quartier général de l'armée à Rostov. 5:44
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Laura Laplaud avec AFP / Crédit photo : HANDOUT / TELEGRAM/ @CONCORDGROUP_OFFICIAL / AFP , modifié à
Le chef du groupe paramilitaire Wagner, entré en rébellion contre le commandement russe, a annoncé se trouver au quartier général de l'armée à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, et contrôler plusieurs sites militaires. D'après Sergueï Jirnov, ancien espion du FSB, invité d'Europe 1 samedi, cette déclaration de guerre était attendue.

"Nous sommes au QG, il est 7H30 du matin" (04H30 GMT), a déclaré le chef du groupe paramilitaire dans une vidéo sur Telegram. "Les sites militaires de Rostov sont sous contrôle, y compris l'aérodrome". Evguéni Prigojine est entré en rébellion avec les 25.000 hommes revendiqués par son groupe, après avoir accusé l'armée régulière d'avoir bombardé ses troupes. Les autorités ont renforcé les mesures de sécurité à Moscou et dans plusieurs autres régions de Russie.

"On continue, on ira jusqu'au bout", a lancé Evguéni Prigojine dans un message audio sur Telegram. "Nous détruirons tout ce qui sera mis sur notre route". "Nous sommes tous prêts à mourir, tous les 25.000. Et après il y en aura encore 25.000. Parce que nous mourons pour la patrie, nous mourons pour le peuple russe qu'il faut libérer de ceux qui bombardent la population civile", a-t-il martelé par la suite.

"C'est Poutine lui-même qui a mis en place cette machine"

D'après Sergueï Jirnov, expert sur la Russie et ancien espion du FSB, cette déclaration de guerre était attendue. "C'est Poutine lui-même qui a mis en place cette machine et c'est paradoxalement cette machine-là qui s'est emballée et qui actuellement a commencé la marche contre Poutine. Mais moi, je suis absolument pas étonné de voir cette rébellion de Prigojine mais je l'attendais un peu plus tard, je l'attendais l'année prochaine, tout simplement parce que l'élection présidentielle a lieu en 2024. Je le voyais très bien arrivé en force contre Poutine pendant cette élection", a-t-il indiqué au micro d'Europe 1.

Dans la nuit, le chef du groupe Wagner a annoncé avoir traversé la frontière et être entré à Rostov, siège du quartier général du commandement sud de l'armée russe d'où sont coordonnées les opérations militaires en Ukraine. Il a aussi assuré que ses troupes avaient abattu un hélicoptère russe qui avait "ouvert le feu sur une colonne civile". "Toute personne qui va s'entreposer entre nous et le Kremlin va être détruite", a-t-il déclaré sur Telegram.

"C'est une guerre dans la guerre"

"C'est une guerre dans la guerre mais c'est la pire des guerres, ça veut dire que c'est une guerre civile. L'effort de l'armée russe n'est plus dirigé vers l'Ukraine. Prigojine va-t-il rester tout seul ou va-t-il être rallié par d'autres personnes en armes ?", s'est interrogé l'ancien espion du FSB. Face à cette rébellion, le président russe Vladimir Poutine devrait "bientôt" s'adresser à la nation, a annoncé samedi le Kremlin.

Le chef du groupe paramilitaire Wagner avait revendiqué au mois de mai la prise de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, se revendiquant comme un "héros", comme "la seule personne qui a réussi à faire quelque chose par rapport au ministère de la Défense". "Ça fait dix mois qu'il est en lutte ouverte publique contre le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et le chef d'état-major Valéri Guerassimov", a précisé Sergueï Jirnov sur Europe 1. Le parquet général russe a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "mutinerie armée" contre Evguéni Prigojine.