Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 95e jour du conflit

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avec AFP / Crédit photo : ABIR SULTAN / POOL / AFP , modifié à
Au 95e jour du conflit, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, doit rencontrer les dirigeants israéliens ce mardi et faire pression pour une désescalade de la guerre à Gaza, au lendemain de frappes en Syrie et au Liban qui ont tué deux hauts responsables du Hamas et du Hezbollah.

Le secrétaire d'État américain a atterri à Tel-Aviv lundi soir après plusieurs escales dans la région, alors que l'armée israélienne, dont la campagne contre le Hamas est entrée dans son quatrième mois, a annoncé qu'elle allait mener des opérations plus ciblées dans le centre et le sud de Gaza. Des sirènes alertant sur des tirs de roquettes ont retenti lundi dans le centre et le sud d'Israël, ainsi qu'à proximité de la frontière avec le Liban, où les frappes israéliennes et les échanges de tirs avec les militants du Hezbollah soutenus par l'Iran font craindre une extension du conflit vers le nord.

Les principales informations à retenir : 

  • Antony Blinken, doit rencontrer les dirigeants israéliens ce mardi et faire pression pour une désescalade de la guerre à Gaza
  • Des sirènes alertant sur des tirs de roquettes ont retenti lundi dans le centre et le sud d'Israël, ainsi qu'à proximité de la frontière avec le Liban
  • Les échanges de tirs avec les militants du Hezbollah soutenus par l'Iran font craindre une extension du conflit vers le nord
  • L'armée israélienne a annoncé tôt ce mardi la mort de quatre soldats, portant à 180 le nombre de morts dans ses rangs depuis le début des opérations terrestres à Gaza

Mort d'un "commandant" du Hezbollah dans une frappe israélienne

Le Hezbollah a annoncé lundi la mort d'un de ses "commandants", Wissam Hassan Tawil, dans une frappe israélienne, ce qui constitue une première depuis octobre pour ce mouvement. Un responsable libanais, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a indiqué que Tawil "avait un rôle de premier plan" pour les opérations du Hezbollah dans le sud. L'armée israélienne a déclaré avoir frappé des "sites militaires" du Hezbollah au Liban, mais n'a pas immédiatement commenté la mort du responsable du Hezbollah. Ce raid intervient après la mort du numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri, dans une frappe au Liban début janvier.

Lundi, l'armée israélienne a également annoncé avoir tué une "figure centrale" du Hamas en Syrie, Hassan Akasha. "Il était une figure centrale responsable des roquettes tirées vers Israël par le Hamas depuis le territoire syrien ces dernières semaines", a précisé l'armée. Les frappes israéliennes répétées au Liban et en Syrie, ainsi que les attaques croissantes contre les forces américaines en Irak et la campagne contre des navires en mer Rouge, menée par les rebelles yéménites en soutien au Hamas, font craindre que le reste du Moyen-Orient ne soit entraîné dans cette guerre.

Pour tenter de désamorcer cette spirale des violences, Antony Blinken a entamé une nouvelle tournée régionale, la quatrième depuis le début de la guerre, qui l'a notamment mené en Turquie, Jordanie, Qatar, aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Direction de la campagne militaire

En Israël mardi, le secrétaire d'État devait rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ainsi que le président Isaac Herzog, le cabinet de guerre du pays et les ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Il doit avoir des entretiens plus tard dans la journée Benny Gantz, membre du cabinet de guerre et figure de l'opposition.

En Arabie saoudite, Antony Blinken a indiqué avoir discuté de la normalisation des relations entre Israël et le royaume, dont les négociations avaient été suspendues par Ryad une semaine après le début de la guerre à la suite de l'attaque du Hamas le 7 octobre. Il a ajouté par ailleurs que Washington allait travailler avec les pays de la région pour la reconstruction et la stabilisation de Gaza.

"Parler de la direction que va prendre la campagne militaire à Gaza"

Face à un bilan qui dépasse désormais les 23.000 morts dans la bande de Gaza selon le gouvernement du Hamas, le secrétaire d'État américain a dit vouloir "parler de la direction que va prendre la campagne militaire à Gaza" et "insister sur l'impératif absolu" qu'Israël "en fasse plus pour protéger les civils". Israël a juré de détruire le Hamas, mouvement désigné comme terroriste par les États-Unis et l'Union européenne, après son attaque sans précédent sur son territoire le 7 octobre, qui a tué environ 1.140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.

L'armée israélienne a annoncé tôt mardi la mort de quatre soldats, portant à 180 le nombre de morts dans ses rangs depuis le début des opérations terrestres à Gaza. Dans ce territoire, les bombardements ont rasé des quartiers entiers, déplacé 85% de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique selon l'ONU.

"Politique déclarée" de famine

Les organisations internationales alertent sur le désastre sanitaire en cours, avec une aide humanitaire qui entre au compte-gouttes, malgré une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Le Conseil des relations américano-islamiques, plus grande organisation de défense des droits civiques musulmans aux États-Unis s'est joint lundi à l'organisation israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem pour condamner une "politique déclarée" de famine à Gaza menée par Israël.

Antony Blinken devrait faire pression sur Israël pour qu'il respecte le droit humanitaire international et demander des "mesures immédiates" pour accroître l'aide humanitaire à Gaza. En tant que principal allié et fournisseur d'armes d'Israël, Washington est de plus en plus préoccupé par le nombre de victimes civiles de la guerre, et le président Joe Biden a affirmé lundi qu'il travaillait "discrètement avec le gouvernement israélien pour l'amener à réduire" la présence de ses troupes à Gaza.

Un déploiement des troupes réduit à partir de janvier

L'armée israélienne a parallèlement annoncé une nouvelle phase de la guerre à Gaza. Le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari, a indiqué au New York Times qu'elle impliquerait moins de soldats et de frappes aériennes, et ajouté que le déploiement des troupes serait réduit à partir de janvier.

"Bien qu'il y ait encore des terroristes et des armes dans le nord, ils n'agissent plus dans un cadre militaire organisé", a-t-il déclaré pendant un point presse, ajoutant que les troupes "opéraient désormais différemment dans cette zone". "Il s'agit toujours d'opérations complexes, avec de durs combats menés tant au centre qu'au sud. Les combats se poursuivront courant 2024", a-t-il précisé. À Gaza dimanche, deux journalistes, travaillant pour Al Jazeera y ont été tués par une frappe israélienne sur leur véhicule, selon la chaîne qatarie. L'un deux, Moustafa Thuraya, était également un collaborateur de l'AFP.

Violence à un niveau inédit depuis près de vingt ans en Cisjordanie

L'armée israélienne a assumé la responsabilité du tir, déclarant à l'AFP avoir "frappé un terroriste qui pilotait un appareil volant représentant une menace pour les troupes", et être "au fait des informations selon lesquelles, au cours de la frappe, deux autres suspects qui se trouvaient dans le même véhicule avaient aussi été touchés". Le conflit a aussi fait monter la violence à un niveau inédit depuis près de vingt ans en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.

Le ministère palestinien de la santé a annoncé lundi que trois hommes ont été tués à Tulkarem par des tirs israéliens. La police israélienne a de son côté indiqué que trois hommes ont été tués et deux autres blessés au cours d'une opération visant à arrêter un "terroriste recherché" près de cette ville. Depuis le début de la guerre, les hostilités transfrontalières ont fait plus de 180 morts au Liban, dont plus de 135 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l'AFP. Côté israélien, neuf soldats et cinq civils ont été tués, selon les autorités.