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Marion Gauthier, édité par Rémi Duchemin , modifié à
Depuis le retrait des forces étrangères, les Talibans n’en finissent pas de gagner du terrain, puisqu’ils contrôlent désormais 5 des 34 capitales provinciales du pays. À Kaboul, beaucoup préfèrent la fuite, et ceux qui restent cultivent encore un mince espoir de voir ces fondamentalistes islamistes stoppés dans leur progression.

Les Talibans sont aux portes du pouvoir en Afghanistan. Ils tenaient déjà plusieurs postes-frontières et se sont emparés ce week-end de 5 des 34 capitales provinciales afghanes. Une première depuis le lancement de leur offensive début mai, dans la foulée du retrait des forces étrangères. Et l’exode se poursuit : des civils fuient les combats, comme l’armée afghane les y a invités. À Kaboul, la capitale, l’inquiétude grandit face à la progression des insurgés, mais certains tiennent bon, malgré tout.

Sa famille a été envoyée en Turquie mais Habib, lui, ne se résout pas à quitter Kaboul même s’il doit vivre a rythme des annonces des victoires des Talibans. "Tout le monde est très inquiet pour la suite. C’est visible sur chaque visage ici", raconte le jeune homme. "Je ne peux pas quitter mon pays, je travaille ici, je ne peux pas partir. C’est notre pays, où irions-nous ? Nous devons tenir pour notre peuple, tenir pour notre société, pour notre liberté."

"Nous n’accepterons jamais, jamais, jamais, jamais !"

Le jeune entrepreneur se désole de voir les ambassades étrangères se vider, une à une. La France, les États-Unis puis le Royaume-Uni ont rappelé leurs ressortissants. Ils font place nette aux insurgés. "Qui meurt ? Seulement des civils ! Ils crient et personne ne les écoute, pourquoi ? Arrêtez ! Arrêtez par pitié", lance Habib. "Nous avons besoin d’un accord de paix. Les Talibans veulent contrôler le pays par la force. Nous n’accepterons jamais, jamais, jamais, jamais !" Comme un sursaut de courage, pour rester, encore un peu.

La guerre est aussi psychologique. "Tout est encore possible, il ne faut pas laisser les Talibans coloniser nos cerveaux", affirme ainsi Victoria, énergique professeure à l’université américaine de Kaboul. "Rien n’est perdu tant que les Talibans ne sont pas à la porte de mon bureau. La seule peur que j’ai, c’est qu’on me demande d’abandonner mes étudiants à leur triste sort." C’est-à-dire encerclés par les Talibans.