Maison-Blanche 3:17
  • Copié
Didier François, édité par Romain David , modifié à
Seule la directrice générale de l'administration des Etats-Unis est en mesure de valider officiellement la victoire de Joe Biden d’ici au 14 décembre, date du vote des grands électeurs. Un poste actuellement occupé par Emily Murphy, une fervente républicaine, inconnue du grand public et nommée par… Donald Trump.
DÉCRYPTAGE

Les Etats-Unis entament leur transition. Alors que Joe Biden a été reconnu ce week-end comme le président élu par les médias américains, une période d'incertitude risque de s’ouvrir jusqu'à l'investiture du 20 janvier, Donald Trump n'ayant pas encore reconnu sa défaite. Joe Biden, pourtant, s’est déjà mis déjà au travail. Il doit notamment mettre en place une cellule de crise contre le Covid-19, sorte de Conseil scientifique à l'Américaine. Pour autant, le démocrate ne sera pas officiellement reconnu en tant que président élu tant que la directrice générale de l'administration des Etats-Unis n'aura pas validé cette élection. Et ce petit caillou désagréable dans le fond de sa chaussure s’appelle Emily Murphy.

Les clés du château

De prime abord, Emily Murphy semble l’une de ses fonctionnaires un peu ternes dont regorgent les administrations de Washington. Elle était totalement inconnue du grand public jusqu’à samedi, lorsque ses services ont publié un bref communiqué dans lequel ils expliquaient que leur cheffe ne reconnaissait toujours pas l’élection de Joe Biden.

Un communiqué qui n’a rien d’incongru, puisqu’Emily Murphy est aujourd’hui l’unique personne pouvant légalement valider l’élection de Joe Biden avant le vote du collège des grands électeurs, qui lui n’aura lieu que le 14 décembre prochain. Sa décision seule permettrait à l’équipe de transition du président élu d’avoir accès aux locaux administratifs et aux moyens sécurisés de communication de l’Etat, d’obtenir des véhicules de fonction, ou encore de débloquer les millions de dollars spécifiquement prévus pour permettre le fonctionnement de ce gouvernement en formation.

Son accord est également indispensable pour déclencher les enquêtes d’habilitation des nouvelles équipes par le FBI, afin qu’elles puissent bénéficier des briefings classifiés des agences de renseignement. Son pouvoir, bien que purement administratif, est donc énorme, avec de lourdes conséquences politiques. Ce qui fait d’Emily Murphy, pour les quelques semaines à venir, la femme la plus puissante des Etats-Unis.

Découvrez le podcast Mister President par Europe 1 Studio

La politique américaine vous passionne ? Vous vous demandez encore comment Donald Trump a-t-il pu être élu ? Découvrez "Mister President par Europe 1 Studio", le podcast d'Olivier Duhamel. De Truman à Obama, de Kennedy à Clinton en passant par les Bush, père et fils… le politologue vous raconte l'incroyable histoire des élections présidentielles américaines depuis 1948.

>>> Retrouvez les 12 épisodes sur notre site Europe1.fr, sur Apple PodcastsGoogle PodcastsSoundCloud ou vos plateformes habituelles d’écoute.

Une protégée de Donald Trump ?

On ignore pourtant beaucoup de choses sur elle. Sa date de naissance n’est même pas du domaine public mais on sait qu’elle a fait l’essentiel de sa carrière dans l’appareil du parti républicain, avant d’être nommée à son poste par Donald Trump en 2017.

Elle a eu à gérer deux dossiers très sensibles pour le président : le bail de location de la tour Trump à New York, qui est un bien gouvernemental, et la vente du quartier général du FBI qui lui fait face sur Pennsylvania Avenue, et que Donald Trump voulait acheter. Autant dire qu’elle a sa confiance totale. Il y a donc peu de chance qu’elle se montre accommodante avec Joe Biden tant que que le président sortant n’aura pas reconnu sa défaite.