Elections au Royaume-Uni : une victoire des conservateurs, une défaite des sondages

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Contrairement aux prévisions des sondages, le Parti conservateur a obtenu la majorité absolu, lors des élections législatives au Royaume-Uni, jeudi 7 mai. © OLI SCARFF / AFP
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B.W., avec AFP , modifié à
Les sondeurs britanniques n'avaient pas vu venir la large victoire des conservateurs aux législative, dont les résultats sont tombés vendredi.

Une large victoire pour les conservateurs, une claque pour le parti travailliste, et une dérouillée pour les sondeurs. Voilà comment résumer vendredi matin les résultats des législatives au Royaume-Uni. Car oui, les sondeurs outre-Manche se sont tous lourdement trompés. 

"Les sondeurs devraient se sonder entre eux pour voir ce qui n'a pas marché" 
Boris Johnson, maire de Londres

  • Quelles étaient leurs prédictions ?

Depuis des mois, les instituts pronostiquaient un résultat ultra-serré sans vrai vainqueur, alignant les courbes désespérément plates, avec les Tories et Le Labour pétrifiés dans un coude-à-coude stérile. La veille du scrutin encore, YouGov, ICM et Survation décrétaient le match nul. Trois autres sondages publiés par TNS, Opinium et Comres donnaient aux conservateurs un point d'avance, alors que Panelbase donnait deux points d'avance au Labour. Tous les journaux titraient sur le scrutin le plus indécis depuis quatre décennies.

  • Comment ont-ils réagi ?

Lorsque les premiers sondages de sortie des urnes, donnant 77 sièges d'avance pour les conservateurs, sont tombés jeudi à 23 heures (en France), stupeur du côté des sondeurs. "Je suis perplexe", a réagi Peter Kellner, le président de YouGov qui, pour le tabloïd The Sun, avait encore sondé 6000 personnes jeudi après qu'elles aient voté pour trouver, là encore, les Tories et le Labour à égalité, 34% partout. 

De son côté, l'institut Populus a déjà fait amende honorable. "Le résultat des élections nécessite une remise en question de tous les instituts de sondage. Nous allons revoir nos méthodes et demander au Conseil britannique des sondages de conduire un audit", a écrit un responsable dans un communiqué.

  • Comment expliquer ce fiasco ?

"Réveil tardif de l'électorat conservateur ? Problème de méthodologie? Il faudra un peu de temps pour analyser" la faillite des sondeurs, souligne Tony Travers, politologue à la London School of Economics, interrogé par l'AFP.
Une thèse possible est un sursaut de dernière minute de l'électorat conservateur, traditionnellement plus timide à livrer ses préférences en amont. Dans le passé, les sondeurs ont souvent eu tendance à surestimer les travaillistes. Les sondeurs semblent surtout avoir échoué à traduire les pourcentages d'intentions de vote dans le bon nombre de sièges, sachant que les législatives sont d'abord la somme des résultats de batailles individuelles dans 650 circonscriptions. "La répartition des sièges n'est sans doute pas notre moment de gloire, mais on a fait du bon travail ailleurs", a relativisé Michelle Harrison de l'institut TNS, parlant de bilan "mitigé" pour les sondeurs."Nous avons prédit les grandes tendances de la soirée: les nationalistes écossais qui ont dévoré le Labour tout cru en Ecosse, l'impact de cinq années de coalition sur les Lib-Dems", a-t-elle ajouté sur Skynews. 

  • Est-ce une première ?

Non, en 1992, ils avaient donné le travailliste Neil Kinnock vainqueur alors que c'est le conservateur John Major qui l'avait emporté. Un incroyable fiasco. Depuis, ils avaient redoré leur blason en 2010 en faisant preuve d'une précision remarquable pour prédire un gouvernement de coalition conservateurs/libéraux-démocrates. Les voilà de retour à la case départ, livrés aux moqueries et aux critiques du pays.