En 2016, Donald Trump avait notamment tiré parti de son discours de fermeté sur l'immigration. 3:52
  • Copié
Margaux Leridon , modifié à
Alors que Donald Trump s'apprête à lancer sa campagne pour 2020, le spécialiste des États-Unis Jean-Eric Branaa a analysé les points forts du candidat, mardi soir, au micro de Matthieu Belliard sur Europe 1. 
ANALYSE

Le président américain Donald Trump lance officiellement sa campagne en vue de sa réélection en 2020, mardi, en Floride. "Tous les indicateurs sont au très beau fixe", explique sur Europe 1 Jean-Éric Branaa, maître de conférence à l'université Paris 2 et spécialiste des États-Unis, qui cite notamment une situation économique largement favorable. "Normalement, ça fait un président qui est réélu, en tout cas si c'est un président qui n'a pas les caractéristiques de Donald Trump. Donald Trump divise la société, donc on peut se poser la question de savoir si l'économie aura le même impact sur sa réélection que pour d'autres présidents", tempère le chercheur, qui vient de publier Et s'il gagnait encore ? chez VA Press. 

Un candidat démocrate centriste, potentiel bâton dans les roues de Trump 

En 2016, Donald Trump avait notamment tiré parti de son discours de fermeté sur l'immigration. Trois ans plus tard, le mur qu'il avait promis à la frontière mexicaine n'est pas construit, ni financé. "C'est une affaire qui n'est pas terminée", souligne Jean-Éric Branaa. "C'est ce qui avait permis de lancer la campagne de Donald Trump en 2015 : il avait descendu son escalator, puis annoncé à la presse que les Mexicains étaient des voleurs, des violeurs et qu'il allait construire un mur. Ce matin (Mardi matin), il a expliqué qu'il allait ramener au pays des millions de clandestins qui sont encore aux États-Unis. On se dit qu'il va encore faire un grand coup, et que ça va dominer les débats pendant la campagne à venir", explique-t-il. 

Mais le président sortant est aussi l'un des plus impopulaires de l'histoire des États-Unis. Il a une base très forte, très enthousiaste de supporters qui l'acclament comme une rock star. Mais au-delà de celle-ci, il doit encore convaincre. "C'est très difficile", reconnaît le chercheur. "Donald Trump est entre 42% et 44% d'opinions favorables, et dans le cadre d'une campagne, il pourrait monter. Le problème, pour lui, c'est que les démocrates sont en train de lui mettre un candidat du centre, ce qui veut dire qu'il ne pourra pas se déporter sur ce centre qu'il vise pour pouvoir rebondir et créer l'exploit", détaille-t-il. "Tout l'enjeu est de savoir si les progressistes vont l'emporter chez les démocrates, type Bernie Sanders ou Elizabeth Warren, ou si les centristes vont prendre la tête du parti démocrate et empêcher Donald Trump de réaliser son rêve de deuxième mandat", conclut-il.  

En attendant, alors que les démocrates organisent leur primaire, Donald Trump va pouvoir accaparer l'espace médiatique. "C'est ce qui va faire une grande différence avec les présidents précédents", explique Jean-Éric Branaa. Barack Obama ou George Bush avaient annoncé leurs candidatures un an avant, mais ils ne s'étaient pas passé grand-chose pendant un an à la suite de cela. Avec Donald Trump, on peut être sûr qu'il va occuper le terrain quasiment tous les jours. Il aime ça, c'est une bête de campagne. Il aime beaucoup plus ça que faire le président", affirme même le chercheur. De quoi s'interroger, à sa suite : et s'il gagnait encore ?