La mère de l’un des tireurs de Columbine s’exprime enfin

Sue Klebold se souvient chaque instant de cette journée du 20 avril 1999.
Sue Klebold se souvient chaque instant de cette journée du 20 avril 1999. © AFP
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Dix-sept ans après que son fils a commis l’une des pires tueries des Etats-Unis dans le lycée de Columbine, Sue Klebold se confie pour la première fois.

Elle n'a rien vu venir. Dix-sept ans après les faits, Sue Klebold ne comprend toujours pas comment son fils, Dylan, a pu être l’auteur de l’une des plus marquantes tueries survenues aux Etats-Unis. "Je suis tellement navrée pour ce qu'a fait mon fils", confie cette femme élégante de 66 ans, sur le plateau d'ABC News. C’est la première fois qu’elle prend la parole depuis le drame, dix-sept ans après.

Sue Klebold se souvient chaque instant de cette journée du 20 avril 1999. Elle se souvient de Dylan, ce matin-là quittant précipitamment leur maison de Littleton, dans le Colorado. Elle se souvient l’avoir entendu descendre les escaliers à toute vitesse, claquer la porte. Elle se souvient lui avoir lancé "Dyl ?" et avoir entendu son fils lui répondre "Bye". Ce sera la dernière parole qu’elle entendra de Dylan.

 

" Sa voix était horrible, il était à bout de souffle… "

Un peu plus tard dans la matinée, lorsqu’elle arrive au travail, Sue Klebold reçoit un coup de fil de son mari. "Sa voix était horrible, il était à bout de souffle… "quelque chose d’horrible se passe à l’école", lui dit son époux. Deux tireurs, leur fils Dylan Klebold et son ami Eric Harris, ont ouvert le feu au lycée Columbine. Douze élèves sont tués ainsi qu’un professeur. Les évènements traumatisent l’ensemble de l’Amérique. L’onde de choc se propage bien au-delà des Etats-Unis, notamment avec le documentaire de l’Américain Michael Moore, "Bowling for Columbine".

" J’ai fait une erreur. Si j'avais identifié chez Dylan un trouble mental, on l'aurait aidé "

Puis vient le temps d’après. Difficile pour cette mère de s’accorder le droit de faire son deuil. C'est "très dur de vivre avec l'idée que quelqu'un qu'on a élevé et aimé ait pu brutalement tuer des gens de manière aussi atroce", explique-t-elle sur ABC, entre deux sanglots. Sue Klebold reconnaît que "les derniers moments de la vie (de son fils) furent marqués par la violence et le sadisme". Il a été cruel et haineux et il faut vivre avec", lâche-t-elle, avant de craquer à nouveau.

Pendant dix-sept ans, Sue Klebold a passé la vie de son fils à la loupe pour essayer de comprendre, de repérer des signes. "J’ai fait une erreur", confie-t-elle. "J’ai mis son changement d’humeur sous le coup de l’adolescence. J’ai laissé passer. Si ça arrivait aujourd’hui, je ne lâcherais pas, je creuserais pour comprendre ce qui le tracasse", poursuit-elle, avant de lâcher : "je ne savais pas. J'ai été incapable de l'empêcher de faire du mal aux autres et de se faire du mal. Si j'avais identifié chez Dylan un trouble mental, on l'aurait aidé", assure celle qui se dit "consciente" que son fils était "un tueur".

Dans son livre A Mother's Reckoning: Living in the Aftermath of Tragedy - (Le regard d'une mère : vivre après la tragédie de Columbine), Sue Klebold, revient sur chaque instant de la courte vie de son fils pour tenter de comprendre ce qui l’a conduit à commettre l’irréparable.