Cohabitation forcée pour Trump, demi-victoire pour les Démocrates, plus de diversité au Congrès… Quels enseignements tirer des Midterms ?

Les Républicains ont réussi à empêcher le déferlement d'une vague bleue sur le Congrès américain.
Les Républicains ont réussi à empêcher le déferlement d'une vague bleue sur le Congrès américain. © Jim WATSON / AFP
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Sébastien Krebs et Xavier Yvon, aux États-Unis, avec Thibaud Le Meneec , modifié à
"Immense succès" selon Donald Trump, les Midterms peuvent pourtant donner de l'espoir à ses adversaires démocrates pour les deux années à venir et la prochaine élection présidentielle, en 2020.
ON DÉCRYPTE

Pour les deux années à venir, le Congrès va être à l'image de l'Amérique : divisé. Mardi, lors des élections de mi-mandat, les Démocrates ont repris la Chambre des représentants, tandis que les Républicains ont conservé le Sénat. Une situation qui devrait aboutir à une forme de cohabitation jusqu'à 2020 et une élection présidentielle qui s'annonce incertaine. Europe 1 tente de tirer les leçons d'un scrutin sans grosses surprises mais riche en enseignements.

Peut-on parler d'une victoire des Démocrates ?

Avant ces Midterms, les Démocrates nourrissaient pourtant de grands espoirs. Deux ans d'une folle présidence Trump leur avaient permis de tabler sur une forte participation pour contrer un chef de l'État à la rhétorique belliqueuse, qui s'est employé à anéantir l'héritage des années Obama. Mais mercredi matin, l'Amérique se réveille sans avoir été submergée par une vague anti-Trump, avec un Sénat qui reste rouge, la couleur des Républicains.

Pire, les Démocrates ont enregistré les défaites notables de deux figures nouvelles du parti. Au Texas, l'étoile montante Beto O'Rourke a échoué à battre le ténor du Sénat Ted Cruz, tandis qu'au poste de gouverneur de Floride, Andrew Gillum, proche de Bernie Sanders, a perdu de peu face à Ron DeSantis.

Dans cet État aux résultats souvent serrés, la soirée fut suivie avec angoisse et la défaite d'Andrew Gillum a douché l'enthousiasme de ses soutiens. "Je suis partagé", confie un électeur démocrate. "La Chambre, c'est une bonne nouvelle, mais on a encore du travail car ce n'est pas un tsunami." Cela montre surtout que la simple posture anti-Trump ne suffira pas forcément pour les élections présidentielles de 2020, dans deux ans.

La diversité fait-elle son entrée au Congrès ?

Pas de raz-de-marée bleu, donc, mais une vague arc-en-ciel, avec l'entrée massive de personnalités issues de la diversité au Congrès. À 29 ans, l'ancienne serveuse hispanique Alexandra Ocasio-Cortez est devenue la plus jeune femme à faire son entrée à la Chambre des représentants, dans l'État de New York. Les Amérindiennes Sharice Davids et Deb Haaland sont elles devenues les premières Amérindiennes à entrer au Congrès, où elles côtoieront Ilhan Omar et Rashida Tlaib, premières femmes musulmanes à siéger au sein de la Chambre des représentants.

Trump a-t-il favorisé la participation ?

Autre enseignement du scrutin, la participation est en hausse par rapport aux derniers Midterms, en 2014, preuve que Donald Trump clive les électeurs, qui se mobilisent fortement pour ou contre lui. Cela veut aussi dire que le "Commander in chief" sait toujours mobiliser sa base avec un discours radical.

D'un autre côté, son ton et ses actions ont un effet repoussoir dans les banlieues résidentielles des grandes villes, particulièrement auprès de l'électorat féminin. C'est le cas à Dallas, au Texas, où l'ancien footballeur afro-américain Colin Allred, 35 ans, a battu Pete Sessions, onze mandats derrière lui.

À quoi vont ressembler les deux années à venir ?

Jusqu'à novembre 2020, date du renouvellement total de la Chambre des représentants, du renouvellement partiel du Sénat et bien sûr de l'élection du prochain président, on devrait assister à une véritable guerre de tranchées au sommet de la politique américaine avec d'un côté Donald Trump et de l'autre le chef de la majorité à la Chambre des représentants, rôle qui pourrait échoir à Nancy Pelosi, déjà titulaire de cette fonction entre 2006 à 2010. En clair, ce serait une sorte de cohabitation.

Concrètement, Donald Trump ne va plus pouvoir faire voter de loi. Il pourra donc oublier le financement du mur qu'il veut construire à la frontière mexicaine, promesse importante de sa campagne présidentielle. Il sera néanmoins possible pour lui de gouverner par décrets, comme il l'a souvent fait depuis deux ans.

Les Démocrates vont aussi pouvoir lancer des enquêtes parlementaires, notamment sur les conflits d'intérêts supposés au sein de la famille Trump. Enfin, ils pourront amorcer une procédure d'impeachment visant à destituer Donald Trump, mais c'est le Sénat qui aura le dernier mot. Et sauf levée de boucliers républicains contre le président, cela ne devrait pas arriver.