Ce que l’on sait sur le journaliste enlevé au Mali par un groupe djihadiste

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Jean-Sébastien Soldaïni avec AFP, édité par Manon Bernard , modifié à
Le journaliste indépendant Olivier Dubois a confirmé, mercredi, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, son enlèvement par des djihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, au début du mois d’avril.
L'ESSENTIEL

Il n'y avait officiellement plus d'otages français à l'étranger, jusqu'à aujourd'hui. Dans une brève vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le journaliste Olivier Dubois affirme mercredi avoir été enlevé par des djihadistes dans la ville de Gao au Mali, le 8 avril dernier. Assis par terre, les jambes croisées sur une toile de couleur verte, dans ce qui semble être une tente, il dit s'adresser à sa famille, à ses amis et aux autorités françaises "pour qu'elles fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour me faire libérer". Voici ce que l'on sait. 

Qui est Olivier Dubois, le journaliste français kidnappé ?

Ce journaliste freelance âgé de 46 ans travaille principalement pour le quotidien Libération et le magazine Le Point Afrique. D’après la porte-parole de Reporters sans frontières, Pauline Ades-Mevel, il "connaît particulièrement bien la région" et est "extrêmement aguerri". "Il s'y est rendu plusieurs fois pour faire des reportages", poursuit-elle au micro d'Europe 1."Olivier se retrouve aujourd'hui de l'autre côté du miroir, lui-même captif", a indiqué sur son site Libération.

Dans la vidéo, le journaliste paraît en bonne santé. Vêtu d'un costume traditionnel rose clair, la barbe bien taillée, il regarde fixement la caméra et s'exprime d'une voix ferme. Les mouvements de ses doigts et d'une jambe semblent néanmoins traduire une certaine nervosité. Contacté par l'AFP, un expert français de la propagande jihadiste sur internet, qui a requis l'anonymat, a indiqué que la vidéo avait été mise en ligne tôt mercredi matin par Wareeth al-Qassam,  un média pro-Al-Qaïda, sans pour autant revendiquer son enlèvement.

Dans quelles circonstances a-t-il été enlevé ?

L’organisation Reporters Sans Frontières a été informé de la disparition d’Olivier Dubois le 10 avril, soit deux jours après mais a choisi de communiquer seulement ce mercredi. "En concertation avec les rédactions qui l'emploient, nous avons pris la décision de ne pas rendre publique la prise d'otage afin de ne pas entraver une éventuelle issue positive rapide", confie Pauline Ades-Mevel sur Europe 1. 

Le journaliste s’était installé sous un autre nom dans un hôtel de Gao, au Mali. Après son arrivée, il prend son déjeuner puis quitte l’établissement. Les gérants ne l’ont plus revu depuis. Ils ont retrouvé dans sa chambre un sac contenant quelques habits, un téléphone portable et son passeport. Olivier Dubois n’avait donc pas prévu de s’absenter longtemps.

Selon la chaîne France 24, le journaliste aurait été "piégé". Le groupe terroriste lui fait "miroiter une interview avec un commandant djihadiste local". "Pendant un mois, on ne savait pas s’il était en train d’être amené hors de la ville pour faire cette interview (...) ou s’il avait le statut d’otage", peut-on entendre sur la chaîne. C'est également ce que raconte Libération sur son site. "Peut-être, pour des raisons logistiques, son interview avait-elle été retardée, voulait-on croire. Peut-être était-il encore l’hôte des djihadistes, et non pas leur prisonnier. Chaque jour, chaque semaine, qui passait éloignait pourtant l’hypothèse d’une 'invitation' consentie. La vidéo de la nuit dernière a définitivement brisé cet espoir", écrit le quotidien. 

Qu’est-ce que le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) ?

C’est un groupe terroriste formé par la fusion entre Ansar Dine et Al-Qaïda. L'organisation, dirigée par le chef touareg malien Iyad Ag Ghaly, aurait été créée en mars 2017 pendant la guerre au Mali. Plus généralement, le Mali est en proie depuis 2012 à une poussée djihadiste partie du Nord, qui a plongé le pays dans une crise sécuritaire et s'est étendue au centre. Les violences se sont également propagées au Burkina Faso et au Niger voisins.

L’annonce de l’enlèvement d’Olivier Dubois intervient "une semaine après l'assassinat de deux journalistes espagnols au Burkina Faso", déplore Pauline Ades-Mevel sur Europe 1. Avant d’ajouter : "C'est tragique".

Comment le gouvernement a-t-il réagi ?

Un responsable du ministre des Affaires étrangères a confirmé la disparition du journaliste français et a affirmé discuter avec la famille d'Olivier Dubois. "Nous sommes en contact avec sa famille ainsi qu’avec les autorités maliennes. Nous procédons aux vérifications techniques d’usage", a confié ce même responsable. 

"Je peux vous confirmer la disparition au Mali du journaliste Olivier Dubois et je veux immédiatement adresser mes pensées à lui, à ses proches et à l'ensemble des rédactions avec lesquelles il a l'habitude de travailler", a également réagi à Paris le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal.

Olivier Dubois est le premier otage français dans le monde depuis la libération de l'humanitaire Sophie Pétronin en octobre 2020. L'enlèvement d'Olivier Dubois porte toutefois à au moins six le nombre d'otages occidentaux détenus au Sahel, un décompte qui ne recouvre que les cas ayant été rendus publics par leur entourage ou leur gouvernement.