Jean-Yves Le Drian était l'invité d'Europe 1. 2:02
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Séverine Mermilliod , modifié à
Après le coup d'Etat en Birmanie, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a expliqué sur Europe 1 mercredi que, si des sanctions ont déjà été prises, " il faudra envisager au niveau européen des mesures supplémentaires" si la situation venait à se poursuivre.
INTERVIEW

L’armée birmane a renversé dans la nuit de dimanche à lundi le gouvernement dirigée par Aung San Suu Kyi, coup d’État immédiatement condamné par plusieurs puissances étrangères. "Nous avons déjà pris des mesures de sanctions contre plusieurs de ses responsables", a rappelé le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur Europe 1 mercredi, mais "si la situation se poursuit, il faudra envisager au niveau européen (...) des mesures supplémentaires, pour marquer notre soutien au processus démocratique et notre volonté de ne pas laisser ce pays dériver dans la dictature militaire", a-t-il fait valoir.

Ces nouvelles mesures pourraient être prises lorsque les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne vont se réunir "dans quelques jours".

"Actes inqualifiables" contre l'"avancée démocratique"

Qualifiant les arrestations des dirigeants Aung San Suu Kyi et du président de la République, Win Myint, lundi matin, d'"actes inqualifiables", le ministre a déploré une situation d'autant plus grave "que des élections démocratiques venaient de se produire en Birmanie." Le putsch, mené par des militaires qui ont proclamé l'état d'urgence pour un an, intervient dans un contexte politique tendu depuis le mois de novembre, au cours duquel les élections législatives ont vu le parti de l’armée largement battu, avec moins de 10% de sièges à l'Assemblée (contre 80% pour le mouvement de l'ancienne Prix Nobel de la paix). Le chef d’état-major avait d'ailleurs dénoncé une fraude et demander le recomptage.

"La meilleure manière de régler la question des Rohingyas, c'est l'avancée démocratique", a également déploré Jean-Yves le Drian par rapport à cette prise de pouvoir anti-démocratique, alors qu'Aung San Suu Kyi a été largement critiquée pour son silence sur le sort de cette minorité musulmane persécutée. "La situation en Birmanie est compliquée au niveau constitutionnel. Le rôle de l'armée est extrêmement fort et Aung San Suu Kyi doit essayer de gérer l'ensemble de cette situation et de faire en sorte que l'avancée démocratique puisse avoir lieu malgré la force et la puissance de l'armée qui aujourd'hui, vient de faire un coup d’État."