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Marion Gauthier
Le régime biélorusse continue de presser des milliers de migrants venus d'Irak et de Syrie vers la frontière avec la Pologne. Europe 1 a pu en contacter certains, qui ont témoigné des conditions désastreuses dans lesquelles ils tentent de survivre. Menacés par la météo et par les forces biélorusses.
REPORTAGE

"Les gens ne doivent pas être utilisés comme armes". Ce sont les mots du chef de la diplomatie européenne, qui accuse la Biélorussie d’avoir organisé la crise migratoire actuelle, aux portes de l’Europe. Des milliers de migrants sont toujours massés à la frontière polonaise, certains tentent de forcer la clôture de barbelés, d’autres se risquent dans la forêt primaire de Podlachie. Ces migrants viennent majoritairement du Kurdistan irakien et de Syrie. Europe 1 a pu en contacter certains depuis la ville polonaise de Bialystok, à quelques kilomètres de la frontière avec la Biélorussie.

"Si tu reviens, je vais te tuer"

Au bout du fil, la colère. Mohammad a posé le pied en Pologne cinq fois. Pour revenir cinq fois, derrière les mêmes barbelés, cerné par les mêmes forces biélorusses. A cinq heures du matin, ils nous donnent des coups de pieds en criant "Réveillez-vous ! Allez en Pologne" [Un jour] j’ai fait demi-tour mais l’un d’eux m’a menacé avec un couteau en me disant : "Si tu reviens, je vais te tuer".

Entre les sapins et les tentes légères, ce père de famille venu d’Irak alimente jour et nuit un feu de bois. Il est inquiet pour sa fille, âgée de 11 mois seulement. "J’essaie d’emmener ma famille en Allemagne pour qu’elle ait un avenir, ce qu’elle n’a pas en Irak. Je ne retournerai pas là-bas ! Je suis prêt à mourir ici ! J’espère juste que ma fille ne va pas mourir", dit-il en pleurant.

Des morts dans la forêt

La mort, beaucoup l’ont frôlée. Comme la mère d’Ammar : elle a passé six jours à l’hôpital avant d’être accueillie dans un centre en Pologne où elle ressasse l’enfer qu'elle a vécu. "Elle avait les pieds couverts de plaies. Elle m'a raconté qu'ils avaient marché pendant deux jours dans les marais. La forêt, ce sont ses cauchemars", explique-t-il. Une forêt dense, humide, quadrillée par la police et qui cache probablement des corps. Les associations redoutent un lourd bilan humain.