Belgique : un contrôleur de train poursuivi en justice pour avoir dit «bonjour» en français
C'est une histoire qui fait couler beaucoup d'encre en Belgique depuis 24 heures : un contrôleur de train belge est poursuivi en justice pour avoir salué les voyageurs en français, et non en flamand. La plainte d’un voyageur a été jugée recevable ce 16 juillet 2025 par la Commission permanente de contrôle linguistique.
Ilyass Alba, chef de bord de train belge, ne se remet toujours pas de l’ampleur de l’affaire. En décembre 2024, alors qu’il effectuait un contrôle dans un train de la SNCB roulant en territoire flamand, l’homme a salué les voyageurs par un “goedendag” (“bonjour” en flamand) avant de répéter la politesse en français.
Une action illicite selon le règlement linguistiques de la SNCB : lorsque les trains circulent en territoire flamand, les contrôleurs doivent exclusivement s’exprimer en flamand, de même que les écrans d’informations doivent afficher leur message en néerlandais.
Une loi "d'ordre public"
"L’accompagnateur de train s'est adressé à chaque voyageur soit en néerlandais et en français (goedendag bonjour), soit exclusivement en français (bonjour). L’accompagnateur de train a répondu au plaignant exclusivement en français 's'il vous plaît'. Dès lors, la plainte est reconnue comme étant fondée", a jugé la Commission.
Cette dernière a précisé que "les lois sur l’emploi des langues en matière administrative sont des lois d'ordre public. Cela signifie notamment que l'orientation client ne constitue pas une motivation suffisante pour ne pas s’y conformer."
"Il est temps de changer cette loi", s'indigne le contrôleur
Une situation ubuesque pour Ilyass Alba, qui a partagé son indignation à ses 53.000 followers sur Facebook.
"Qu'un voyageur porte plainte pour ça, dans un souci de protéger sa langue maternelle, je comprends. Mais qu'une Commission donne raison à celui-ci alors que les voyageurs viennent du monde entier visiter la Belgique est le signe d'une fermeture d'esprit de la part d'une petite élite flamande", s’est-il indigné.
"Comment peut-on interdire à un chef de bord d'accueillir des clients et voyageurs avec deux langues ?", a-t-il dénoncé. "Ne peut-on pas saluer tout le monde dans les deux langues directement ? Il est temps de changer cette loi !"
Soutenu par le ministre démissionnaire de la Mobilité et de la patronne de la SNCB Sophie Dutordoir, le chef de bord encourt un avertissement de la justice belge, de même que la SNCB : la société ferroviaire a néanmoins déclaré avoir "clos" le dossier et ne pas avoir sanctionné son salarié.