Australie : elle tente d’aller récupérer ses petits-enfants en Syrie

Photo d'illustration prise dans les rues de Raqqa, le fief de l'organisation Etat islamique en Syrie.
Photo d'illustration prise dans les rues de Raqqa, le fief de l'organisation Etat islamique en Syrie. © Raqa Media Center / AFP
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Karen Nettleton a entrepris d’aller, elle-même, chercher ses cinq petits-enfants à Raqqa, la "capitale" de l’organisation Etat islamique.

Son plan était bien rodé. Tout devait parfaitement fonctionner. Karen Nettleton, une grand-mère Australienne, avait prévu d’aller récupérer ses cinq petits-enfants à Raqqa, en Syrie. Mais sa première tentative a vite été avortée. L’obligeant à rentrer seule en Australie.

  • Cinq enfants orphelins

Depuis deux ans maintenant, cette Australienne se bat pour revoir ses petits-enfants. Sa fille unique, Tara, était mariée à un combattant de l’organisation Etat islamique (EI) Khaled Sharrouf. Cet homme est tristement devenu célèbre en août 2014 lorsqu’il a publié sur les réseaux sociaux des photos de son fils de huit ans tenant à bout de bras une tête décapitée.   

En 2013, Khaled Sharrouf, a rallié les rangs de l’EI en Syrie, rejoint un an plus tard par sa femme et leurs cinq enfants. Mais en septembre 2015, Tara meurt des suites d’une infection après une opération de l’appendicite. Khaled Sharrouf aurait, quant à lui, été tué dans des combats à Mossoul en Irak, selon de nombreux médias, mais les autorités australiennes refusent d’en donner la confirmation.

Leurs cinq enfants seraient donc aujourd’hui orphelins et aux mains de l’EI à Raqqa. Selon les informations qu'à pu recueillir la grand-mère, la fille aînée de Tara et Khaled, Zaynab, âgée de 13 ans est aujourd’hui mariée à un ami de son père et a donné naissance à un petit garçon, âgé de 4 mois. Une situation que Karen Nettleton ne peut plus supporter.

  • "Je les imaginais déjà occuper toute une rangée de l’avion"

C’est pour cette raison qu’elle s’est rendue, début avril, en Turquie, bien décidée à passer la frontière pour aller récupérer sa famille. Mais le jour de son arrivée à Ankara, un journal australien a révélé son projet au grand jour. Certains de ses contacts sur place ont eu peur et ont alors décidé de ne pas l’aider. Finalement, Karen Nettleton a repris l’avion pour l’Australie, inquiète d’avoir mis – malgré elle - ses petits-enfants en danger.

"C’est horrible. Je les imaginais déjà occuper toute une rangée de l’avion. Je voyais Hamze (son petit-fils de 5 ans) courir dans les allées de l’appareil. Et finalement il n’y a que moi", a confié Karen Nettleton, à la chaîne de télévision australienne ABC.

La grand-mère australienne  a demandé de l’aide à son gouvernement. Mais la ministre de la Justice, Julie Bishop, lui a répondu qu’"en raison de la situation extrêmement dangereuse sur place", l’Australie "n’a pas la capacité de leur apporter une aide consulaire". La ministre a toutefois reconnu que les enfants de Tara et Khaled Sharrouf étaient "des victimes de l’idéologie extrémiste de leurs parents", qui se trouvent "dans une zone de guerre malgré eux".

Karen Nettleton ne compte pas baisser les bras. "J’y retournerai. Je ne vais pas les laisser là-bas”, assure-t-elle. "Peut-être qu’il faudra que je m’y reprenne à quatre, cinq ou six fois, mais ne sous-estimez pas ma détermination !".