Frédéric Van Leeuw procureur fédéral de Belgique 2:01
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avec AFP / Crédits photo : DIRK WAEM / Belga / AFP , modifié à
Le procureur fédéral de Belgique a déclaré mardi que l'hypothèse d'un "loup solitaire" est la plus probable dans l'enquête sur l'attentat qui a coûté la vie à deux Suédois lundi soir à Bruxelles. Il n'y a à ce stade "pas d'indication sur un réseau" qui serait à l'origine de l'attentat, a aussi dit le ministre de la Justice.

L'hypothèse d'un "loup solitaire" est la plus probable dans l'enquête sur l'attentat qui a coûté la vie à deux Suédois lundi soir à Bruxelles, a déclaré mardi le procureur fédéral de Belgique, Frédéric Van Leeuw, lors d'une conférence de presse. "La thèse du loup solitaire semble la plus proche de la réalité", a affirmé le magistrat à propos du tireur présumé abattu mardi matin par la police. Il n'y a à ce stade "pas d'indication sur un réseau" qui serait à l'origine de l'attentat, a aussi dit le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne.

L'assaillant, un Tunisien de 45 ans présenté par les médias comme Abdesalem Lassoued, était en séjour irrégulier en Belgique après le rejet d'une demande d'asile en 2020, et visé par un ordre de quitter le territoire qui n'a jamais été exécuté. Le Premier ministre Alexander De Croo a plaidé pour une meilleure application de ces décisions pour ceux qui n'ont "pas droit à la protection". Un tel ordre "doit devenir plus contraignant", a dit le dirigeant libéral flamand.

"Inspiré par l'État islamique" 

Le double homicide, qualifié de "lâche attentat" par Alexander De Croo, a eu lieu non loin du centre-ville de Bruxelles lundi peu après 19h, quelques heures avant un match de football opposant la Belgique et la Suède au stade Roi Baudouin. L'assaillant a abattu avec une arme automatique deux supporters suédois et blessé un troisième avant de s'enfuir en scooter. La chasse à l'homme a duré une douzaine d'heures, jusqu'à ce que le Tunisien soit repéré mardi peu après 8h par un témoin dans un café de la commune bruxelloise de Schaerbeek, où il résidait.

 

Lors de l'intervention de la police "des coups de feu ont été tirés et le suspect a été abattu", a précisé le parquet fédéral. Il a été transféré dans un hôpital où son décès a été constaté à 9h38. "Une arme de guerre de type AR-15" a été retrouvé dans le café où a lieu l'interpellation, a précisé Frédéric Van Leeuw. Il y a eu au total quatre perquisitions après l'attentat et deux personnes de l'entourage du tireur présumé ont été appréhendées pour être entendues. Dès lundi soir, un message vidéo de revendication avait été posté sur les réseaux sociaux par un homme "se présentant comme l'assaillant et se disant inspiré par l'État islamique", toujours selon le parquet fédéral, chargé des dossiers de terrorisme.

Une minute de silence au Parlement européen 

La menace terroriste a alors été relevée au niveau 4, considérée comme "très grave", - niveau maximal - dans la région de Bruxelles. Elle a été ramenée mardi au niveau 3 après le décès du suspect. Dans la matinée, une minute de silence a été observée par le Parlement européen réuni en séance plénière à Strasbourg. Et de tels moments de recueillement à la mémoire des deux victimes étaient aussi prévus mardi soir avant tous les matches qualificatifs pour l'Euro-2024. Mercredi, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, dont le pays est sous le choc, est attendu à Bruxelles pour un hommage conjoint avec Alexander De Croo prévu dans la matinée Place Sainctelette, près des lieux de l'attaque.

 

"Jamais, dans l'histoire récente, la Suède et les intérêts suédois n'ont été aussi menacés qu'aujourd'hui", a souligné Ulf Kristersson devant la presse à Stockholm. Dans la vidéo de revendication du suspect, la nationalité suédoise des victimes a été évoquée comme "motivation probable de l'acte", un lien étant établi avec les profanations du Coran en Suède qui ont ému le monde musulman, ont relevé les autorités belges. La Suède a dû rehausser le 17 août son niveau d'alerte au risque terroriste à quatre sur une échelle de cinq en raison des tensions suscitées par ces autodafés de Coran survenus sur son sol depuis le début d'année.

"Usage de plusieurs identités" 

Les profanations ont porté un coup aux relations avec plusieurs pays musulmans, l'ambassade de Suède à Bagdad ayant ainsi été incendiée en juillet tandis qu'un cocktail Molotov visait la représentation à Beyrouth en août. Mardi les services de renseignement suédois ont aussi évoqué le bref séjour effectué dans ce pays "il y a dix ans" par l'assaillant de Bruxelles, qui "a pu faire usage de plusieurs identités" en voyageant en Europe. La Belgique a déjà été la cible de plusieurs attentats revendiqués par le groupe État islamique. Le plus meurtrier (35 morts) a été perpétré le 22 mars 2016, quand Bruxelles avait été frappée par une double attaque-suicide à l'aéroport de Zaventem et dans le métro en plein quartier européen.