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A.D
Les chiffres le démontrent : les deux mandats de Barack Obama n'ont pas permis d'éponger les effets de la crise des subprimes. Et les inégalités se sont creusées dans le pays.
INTERVIEW

A moins de dix jours des élections présidentielles américaines, Mathilde Lemoine, chef économiste du groupe Edmond de Rothschild et membre du Haut conseil des finances publiques était l'invité de l'émission dominicale  C'est arrivé demainpour faire un bilan de l'ère Barack Obama.

La chine en tête de l'économie mondiale. Durant les deux mandats du président sortant, les Etats-Unis ont perdu leur place de première économie mondiale, "cédée à la Chine", indique Mathilde Lemoine. Un chiffre est parlant : les Etats-Unis ne représentent plus que 9% du commerce mondial. "Sur le plan intérieur", les inégalités se sont accrues, ajoute la spécialiste. "Même si la richesse créée par habitant reste très supérieure à ce que l'on connaît en Europe, la tendance est plutôt négative et les tensions politiques reflètent ses dysfonctionnements économiques."

Une croissance plus faible. Deux textes ont été importants pour la présidence Obama, l'un sur la finance qui a fait suite à la crise des subprimes de 2008 et l'autre sur la santé et la couverture sociale des Américains. Ces deux gros chantiers "ont permis à l'économie américaine de rebondir, analyse la spécialiste. La grande réforme du système financier a permis aux banques de retrouver une certaine santé pour prêter aux entreprises et aux ménages. C'est réussi." Sur le plan économique général, la croissance a en revanche été plus faible que ce qui avait pu être observée les années précédentes. "En moyenne, la croissance des Etats-Unis est désormais de 1,5%."

La mondialisation a accru les inégalités. Le revenu médian américain en 2015 reste quant à lui inférieur à celui de 2007, avant la crise. "Cela signifie que le président n'a pas réduit les inégalités accrues par la crise et explique aussi que le grand enjeu du programme d'Hillary Clinton soit d'augmenter les impôts sur les plus riches, pour essayer d'appliquer un salaire minimum au niveau fédéral." La mondialisation a eu un impact important dans les années 2000. Les déclassés, "ont vu leur salaire diminuer ou se sont vu exclus du marchés du travail. Tous les districts victimes de la mondialisation se sont radicalisés dans leur vote."

Le salaire des noirs-Américains stable.  Les déclassés sont ceux qui effectuent une touche routinière, qu'ils soient qualifiés ou non, définit Mathilde Lemoine. "Les populations minoritaires continuent d'avoir un salaire 30% inférieur aux hommes blancs." Dans ces populations figurent les femmes, les noirs et les hispaniques, en particulier. Le sort des Noirs-américains ne s'est ainsi pas amélioré sous la présidence du premier président noir des Etats-Unis.