Antisémitisme au Parti travailliste : le parti suspend son ancien chef Jeremy Corbyn

Jeremy Corbyn
Jeremy Corbyn, ex-leader du Parti travailliste britannique, en a été écarté. © Paul ELLIS / AFP
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avec AFP , modifié à
Le Parti travailliste britannique a suspendu jeudi son ancien chef, Jeremy Corbyn. Après la publication d'un rapport accablant sur les réponses apportées à l'antisémitisme au sein du parti sous la direction de Jeremy Corbyn, celui-ci a en effet expliqué qu'il n'acceptait pas "toutes" les conclusions du document.

Harcèlement, discrimination et manque de volonté de lutter contre l'antisémitisme : étrillé dans un rapport accablant sur son échec à lutter contre ce fléau, le Parti travailliste britannique a reconnu jeudi un "jour de honte" et suspendu son ancien chef Jeremy Corbyn. Secoué depuis des années par des incidents à répétition et une foule de démissions, le Labour a fait l'objet d'une enquête menée par le Comité pour l'égalité et les droits humains (EHRC), un organisme indépendant du parti. 

Les faits visés remontent aux années où le Labour était dirigé par le très à gauche Jeremy Corbyn, balayé par les conservateurs du Premier ministre Boris Johnson lors des élections de décembre 2019.

"Ce rapport est dur à lire"

"Ce rapport est dur à lire et c'est un jour de honte pour le parti travailliste", a déclaré son successeur depuis avril, Keir Starmer, présentant de nouveau ses excuses pour l'attitude du parti. "Plus jamais le Labour ne vous laissera tomber, plus jamais nous n'échouerons à nous attaquer à l'antisémitisme et plus jamais nous ne perdrons votre confiance", a-t-il promis, promettant de mettre en œuvre l'intégralité des recommandations. Dans sa présentation du rapport, la présidente par intérim du Comité pour l'égalité et les droits humain (EHRC) a étrillé des défaillances "inexcusables" résultant d'un "manque de volonté de s'attaquer à l'antisémitisme plutôt qu'une inaptitude à le faire".

Dans son texte de 130 pages, le Comité conclut que le parti travailliste a "commis des actes illicites". Le Labour a maintenant l'obligation légale de mettre sur pied, en accord avec la commission, un plan d'action pour y remédier d'ici au 10 décembre, faute de quoi il risque des poursuites. Jeremy Corbyn, 71 ans, a écrit sur Facebook qu'il n'acceptait pas "toutes" les conclusions du rapport et qui écartait tout échec personnel dans la lutte contre ce fléau. 

Le parti veut désormais une "tolérance zéro" face à l'antisémitisme 

"A la lumière de ses commentaires", le parti a "suspendu Jeremy Corbyn" et a ouvert une enquête, a annoncé un porte-parole du Labour. Sans aller jusqu'à l'exclusion, le Parti prend cependant le risque de raviver ses divisions en sanctionnant son ancien chef (de 2015 à 2020), toujours député, qui avait transformé le Labour en premier parti d'Europe en nombre de membres avec une forte popularité dans la base militante.

"Nous avons découvert des exemples de harcèlement, de discrimination et d'interférences politiques" durant l'enquête, souligne le comité dans son rapport, étrillant les carences de la direction du parti. L'enquête a mis en évidence qu'un "nombre significatif de plaintes relatives à l'antisémitisme n'ont pas du tout fait l'objet d'une enquête", particulièrement sur les réseaux sociaux. Le parti "doit à présent produire un plan d'action pour mettre en oeuvre nos recommandations", souligne le Comité, rappelant les engagements de l'équipe de Keir Starmer à cet égard. "Les recommandations sont claires, justes et réalisables" et visent à ce que le parti tienne son engagement d'une "tolérance zéro" face à l'antisémitisme.