Angela Merkel retrouve Emmanuel Macron en pleine crise migratoire, avant le sommet de l'UE

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Emmanuel Macron et Angela Merkel vont se rencontrer pour débattre notamment de l'accueil des migrants qu'ils veulent européen (image d'archives). © PATRIK STOLLARZ / AFP
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avec AFP , modifié à
Emmanuel Macron et Angela Merkel vont se rencontrer à Berlin mardi pour débattre notamment de la crise des migrants mais également de la création d'un budget de l'Union européenne.

Réforme de l'Europe post-Brexit et tensions politiques autour des migrants : Angela Merkel, politiquement fragilisée, retrouve Emmanuel Macron mardi à Berlin pour tenter d'afficher un front uni à 10 jours d'un sommet de l'UE.

La gestion des migrants comme thème central

De la zone euro à l'accueil des migrants. La réforme de la zone euro, à laquelle la rencontre dans le cadre d'un conseil des ministres franco-allemand doit surtout être dédiée, risque toutefois de passer à l'arrière-plan au moment où l'accueil des migrants fait de nouveau voler en éclat la cohésion européenne et met à rude épreuve la coalition gouvernementale de la chancelière allemande. La réunion, qui rassemble aussi les principaux ministres des deux pays, se tient au château baroque de Meseberg, une résidence officielle du gouvernement au nord de Berlin. 

L'Aquarius comme symbole. L'Italie, en première ligne depuis des années face à l'afflux des demandeurs d'asile, a déclenché une nouvelle crise dans l'UE après la décision de son ministre de l'Intérieur Matteo Salvini (extrême droite) de refuser d'accueil d'un bateau chargé de migrants venus d'Afrique. Après une odyssée d'une semaine en Méditerranée, les 630 migrants de l'Aquarius sont finalement arrivés dimanche en Espagne.

 

Une gestion qui doit être européenne. Angela Merkel et Emmanuel Macron sont d'accord sur un point : la gestion des migrants doit être européenne, alors que les pays comme la Pologne et la Hongrie refusent d'ouvrir leurs frontières et que la pression pour le "chacun pour soi" ne cesse de croître.

Un renforcement massif de Frontex ? Personne n'escompte un accord des Européens fin juin sur une réforme du règlement de Dublin, qui stipule que les demandeurs d'asile seront renvoyés dans leur pays d'arrivée. Mais Paris et Berlin pourraient s'accorder sur un renforcement massif de Frontex, l'agence qui patrouille les côtes européennes, sur la création de centres de tri en Afrique et sur l'harmonisation du droit d'asile. La chancelière a déclaré aussi vouloir nouer des accords bilatéraux de reconduite des migrants avec les pays d'arrivée, l'Italie ou encore la Grèce.

Une rencontre importante pour Merkel et Macron

Un ultimatum de deux semaines pour Merkel. La chancelière, qui dirige l'Allemagne depuis près de 13 ans, a désespérément besoin d'une avancée, au plus tard lors du sommet des 28 et 29 juin à Bruxelles. Lundi, son ministre de l'Intérieur Horst Seehofer, représentant l'aile droite de sa coalition gouvernementale, lui a donné deux semaines jusqu'à ce sommet pour réduire le flux de migrants au niveau européen.

Faute de quoi il ordonnera début juillet de "refouler immédiatement" les demandeurs d'asile arrivant aux frontières allemandes en provenance d'un autre pays européen. Peu importe pour lui les conséquences, y compris son propre limogeage qui conduirait à la chute de la coalition gouvernementale dans la première économie européenne. 

Un couple franco-allemand "au rendez-vous". Quant aux enjeux pour la France, Emmanuel Macron va tenter d'être optimiste, de trouver ce qui rassemble les deux pays. "En débattant, le couple franco-allemand a toujours été un moteur de l'Europe en période de crise", assure Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement au micro d'Europe 1. "L'Europe traverse l'une des crises les plus graves de son histoire. Le couple franco-allemand a toujours été au rendez-vous de cette histoire, il est à souhaiter qu'il le soit encore cette fois-ci."

Réforme de la zone euro et menaces de Trump sur l'Otan au programme

Un accord a minima. La réforme de la zone euro et sa mesure phare, la création d'un budget autonome  lui donnant une capacité d'investir, grande ambition du président français, devrait également faire l'objet d'un compromis mardi avec Berlin. Paris a dit lundi espérer un accord "qui doit être substantiel" dans ce domaine. Il s'annonce pourtant modeste face aux attentes françaises. Les deux pays devraient plus modestement s'accorder aussi sur une base commune pour l'impôt sur les sociétés.

Une "initiative européenne d'intervention". Dernier sujet phare de la rencontre, le renforcement de l'Europe de la défense, alors que Donald Trump menace de moins financer l'Otan. Angela Merkel s'est dite "favorable" à la proposition française d'une "initiative européenne d'intervention (IEI)", sorte d'état-major de crise commun regroupant une dizaine de pays et devant conduire à une force commune. Paris espère conclure mardi un accord avec Berlin pour mettre le projet sur les rails dès juin.