Le gouvernement Merkel fragilisé par un revers lors d'un scrutin régional

Avec 12% à 13%, l'extrême droite fait son entrée dans le Parlement régional, le dernier en Allemagne où elle n'était pas encore représentée.
Avec 12% à 13%, l'extrême droite fait son entrée dans le Parlement régional, le dernier en Allemagne où elle n'était pas encore représentée. © AFP
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avec AFP , modifié à
Le parti de centre droit et son partenaire social-démocrate au sein de la coalition qui gouverne à Berlin ont enregistré de lourdes pertes lors d'élections régionales clés en Hesse. 

Le parti de centre droit d'Angela Merkel et son partenaire social-démocrate de coalition à Berlin ont subi de sévères pertes lors d'élections régionales clés dimanche en Allemagne, rendant un peu plus incertaine la survie de son gouvernement.

Selon les sondages effectués à la sortie des bureaux de vote par les chaînes de télévision publique ARD et ZDF, l'Union démocrate-chrétienne (CDU) de la chancelière arrive certes en tête du scrutin de l'Etat-région de Hesse avec entre 27 et 28% des voix, mais ce score représente une baisse d'une dizaine de points par rapport aux précédentes élections de 2013. Elle avait alors obtenu 38,3%. Le parti social-démocrate (SPD) ressort tout aussi éreinté au vu des sondages avec 20%, contre 30,7% il y a 5 ans en Hesse, où se situe la capitale financière de l'Allemagne, Francfort, selon les sondages.

Un parti usé par treize ans de pouvoir ? Cette double sanction pour les partis de pouvoir au plan fédéral à Berlin, associés au sein d'une "grande coalition" difficilement mise sur pied en mars, est une mauvaise nouvelle pour Angela Merkel à un moment elle est déjà politiquement affaiblie. Il s'agit du deuxième scrutin régional décevant pour le camp conservateur allemand, après une élection en Bavière il y a deux semaines qui l'a vu perdre la majorité absolue qu'il y détenait depuis des décennies. Cette situation risque d'attiser le débat au sein du parti CDU sur l'avenir d'Angela Merkel, qui semble usée par 13 ans de pouvoir.

Le danger des sociaux-démocrates. Le parti Alternative pour l'Allemagne a triplé son score en Hesse avec autour de 12% et va entrer dans le dernier parlement régional allemand où il n'était pas encore représenté. Face à cette évolution, les détracteurs d'Angela Merkel dans son camp réclament un coup de barre à droite et demandent qu'elle prépare sa succession. La chancelière affrontera dans ce contexte un test crucial début décembre lors d'un congrès de la CDU où elle doit en principe remettre son poste de présidente du parti en jeu. Elle a toutefois limité les dégâts en Hesse car, au vu des sondages sortie des bureaux de vote, le chef du gouvernement régional sortant, Volker Bouffier, un proche d'Angela Merkel, paraît en mesure de rester en poste à la tête d'une coalition dont les contours restent à définir. Une perte du Land de Hesse l'aurait placée dans une dans une position intenable. Dans l'immédiat, le danger le plus sérieux pour elle pourrait du coup venir de son partenaire social-démocrate de coalition qui, scrutin après scrutin, ne cesse de s'enfoncer.

Les Verts doublent leur score. En Hesse, il est rattrapé par les Verts, qui avec une tête de liste d'origine arabe doublent leur score de 2013 à 20% et semblent bien partis pour rester dans le gouvernement local en association avec les conservateurs. La tendance au siphonnage de l'électorat social-démocrate par les écologistes devient un tendance lourde dans l'ensemble du pays et fait craindre à certains cadres du SPD une mort lente de leur mouvement s'ils restent trop longtemps au pouvoir avec la droite. Du coup l'aile gauche du SPD réclame de plus en plus clairement une sortie du gouvernement de coalition à Berlin - minée par les querelles internes - pour se ressourcer dans l'opposition. Un tel scénario signerait la fin du gouvernement actuel et probablement celle de la carrière politique d'Angela Merkel, avec des nouvelles élections à la clé.

Les sociaux-démocrates menacent de quitter le gouvernement

Suite à cette lourde défaite, le Parti social-démocrate allemand a menacé dimanche soir de quitter le fragile gouvernement de coalition d'Angela Merkel faute d'obtenir des garanties rapides de la chancelière. "L'état dans lequel se trouve le gouvernement est inacceptable", a déclaré la présidente du parti SPD, Andrea Nahles, en référence aux querelles continuelles qui minent la coalition allant de la droite dure aux sociaux-démocrates, notamment sur les questions de politique migratoire. À ses yeux, cette situation de conflit permanent à Berlin a "très largement contribué" au pertes essuyées dimanche par le SPD dans l'élection régionale de Hesse, avec un score de moins de 20% et un repli de plus de 10 points par rapport au précédent scrutin. En conséquence elle a "exigé" qu'une "feuille de route" précise soit établie fixant les mesures à prendre par le gouvernement pour améliorer le quotidien de la population d'ici au mois de septembre 2019.