Algérie : démission du président de l'Assemblée, visé par la contestation

Moad Bouchareb, 47 ans, avait été élu fin octobre 2018 après un coup de force envers son prédécesseur.
Moad Bouchareb, 47 ans, avait été élu fin octobre 2018 après un coup de force envers son prédécesseur. © RYAD KRAMDI / AFP
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avec AFP
Soumis à une forte pression depuis plusieurs semaines, le président de la chambre basse a remis sa démission mardi.

Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Moad Bouchareb, l'une des cibles de la contestation dont l'Algérie est le théâtre depuis février, a démissionné mardi, a-t-on appris auprès d'un responsable parlementaire.

Contesté par la rue

"Moad Bouchareb a démissionné ce matin de son poste de président de la chambre basse", a dit à l'AFP Abdelhamid Si Affif, président de la commission des Affaires étrangères. "Le bureau de l'APN s'est réuni et a déclaré la vacance du poste", a-t-il ajouté. Selon lui, la commission juridique de l'Assemblée devra encore élaborer un "rapport de vacance du poste" qu'elle soumettra en session plénière, chargée de l'entériner, le tout "dans un délai de 15 jours". Aucun motif officiel n'a été fourni sur cette démission.

Bien qu'occupant une fonction moins exposée, Moad Bouchareb faisait partie, avec le chef de l'État par intérim Abdelkader Bensalah, le Premier ministre Noureddine Bedoui et l'ex-président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaiz, des "4B" dont les contestataires ont réclamé le départ après la démission le 2 avril, sous pression de la rue et de l'armée, du chef de l'État Abdelaziz Bouteflika.

Ancien chef du groupe parlementaire du Front de libération nationale (FLN, majoritaire) Moad Bouchareb, 47 ans, avait été élu fin octobre 2018 après un coup de force envers son prédécesseur Said Bouhadja, lui aussi membre du FLN.
À la suite de sa démission, la séance de clôture de la session parlementaire de la chambre basse, prévue mardi, a été annulée, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un contexte troublé

Ce développement intervient dans un contexte particulièrement troublé en Algérie, où les manifestations pour le départ de l'ensemble du système au pouvoir ne faiblissent pas. La présidentielle prévue le 4 juillet pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika a été annulée sine die faute de candidats et, en vertu de la Constitution, la période d'intérim au poste de chef de l'Etat d'Adbdelkader Bensalah est censée prendre fin le 9 juillet.

Des centaines d'étudiants et enseignants ont de nouveau manifesté ce mardi, pour la 19ème semaine d'affilée, contre le régime, réclamant particulièrement la libération des "détenus politiques". De nombreux slogans ont de nouveau visé le général Ahmed Gaïd Salah, devenu de facto l'homme fort du pays, qui refuse les revendications du mouvement de contestation. La principale d'entre elles est la mise en place d'instances de transition débarrassées de tous les fidèles d'Abdelaziz Bouteflika et qui seraient chargées de réformer le pays avant la tenue d'une présidentielle.