Alaska : découverte d'un énorme gisement de pétrole, bonne ou mauvaise nouvelle ?

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Un nouveau puit de pétrole pourrait ouvrir dans une région reculée d'Alaska © ANDREW BURTON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Marthe Ronteix , modifié à
Une société de forage et d'exploitation de pétrole a découvert un nouveau gisement en Alaska, une nouvelle qui la réjouit tout comme le gouverneur de l'État, ce qui n'est pas le cas des écologistes.

La compagnie texane Caelus Energy a annoncé la découverte d'un énorme gisement de pétrole dans l'État d'Alaska, mardi. Une bonne nouvelle pour la compagnie, qui compte bien exploiter ses capacités, et pour le gouverneur de l'État mais pas forcément pour les écologistes, raconte Le Monde

Une manne économique potentielle. À 500 km au nord du cercle polaire, 6 à 10 milliards de barils d'or noir dormiraient dans les eaux de Smith Bay. Une véritable manne économique qui doublerait presque les réserves reconnues de l'État. Un fond dans lequel le patron de Caelus Energy, James C. Musselman, est prêt à investir 800 millions de dollars (soit 715 millions d'euros). Soutenu par le fonds d'investissement Apollo Global Management, il envisage de construire un "tube" sous-marin pour acheminer le pétrole brut jusqu'au port de Valdez au sud de l'Alaska.

Une bonne nouvelle pour le gouverneur. Les ressources d'hydrocarbures sont essentiels pour l'Alaska. Mais depuis 1988, son plus gros gisement de pétrole brut, Pruhoe Bay, ne produit plus que 450.000 barils au lieu des 2 millions des débuts de son exploitation en 1968. Alors le gouverneur s'est réjoui des 200.000 barils quotidiens qui pourraient sortir de Smith Bay avec l'exploitation de Caelus Energy.

"Avec un oléoduc [Trans-Alaska] aux trois quarts vide, c’est une bonne nouvelle pour l’Etat", s’est félicité Bill Walker, cité par Le Monde. "Mon administration continuera à travailler avec l’industrie pour identifier de nouvelles opportunités de développements dans le secteur du pétrole et du gaz en apportant les incitations appropriées à l’investissement."

Un cours du baril qui ne facilite pas les investissements. Bien qu'il soit prêt à s'engager, le patron de Caelus Energy reste conscient des difficultés de rendement. Avec un coût de développement du projet autour des 8 milliards de dollars et des barils qui ne sortiraient pas avant 2022, il faudrait que le baril soit à 65 dollars (contre 50 aujourd'hui), a précisé James C. Musselman à l'agence Bloomberg, pour être rentable.

D'autant plus que la conjoncture internationale est moins favorable que lors de la découverte du gisement précédent, Pruhoe Bay, à la fin des années 60. À ce moment-là, les pays pétroliers avaient mis en place un embargo sur le pétrole américain de sorte que seule la production locale était vendue en occident et les cours étaient plus élevés à cause d'une demande supérieure à l'offre.

Des écologistes sceptiques. Depuis les années 80, pour chaque projet ayant trait à l'exploitation d'une ressource naturelle, il faut compter sur l'intervention des écologistes. Bien que le gouverneur se dise "certain qu’avec les exigences technologiques et réglementaires actuelles, ce sera fait en toute sécurité", les écologistes sont plus réservés. Ils ont encore en tête la marée noire provoquée en 1989 par le supertanker Exxon-Valdez ou encore la fuite de pipeline Trans-Alaska en 2010-2011. Alors pour empêcher ou même retarder le développement des gisements, la plupart du temps, ils bloquent les projets de pipeline.