Venezuela, crédit : SCHNEYDER MENDOZA / AFP - 1280 1:36
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avec Sébastien Krebs et AFP
Après les violents heurts qui ont éclaté aux différentes frontières entre le Venezuela et ses voisins autour des convois d'aide humanitaire, la colère et la frustration éclatent chez les habitants. De son côté, Juan Guaido en appelle à ses voisins régionaux et aux États-Unis.

Les violences qui ont éclaté à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, samedi, autour d'un convoi d'aide humanitaire ont fait deux morts, dont un garçon de 14 ans, et plus de 300 blessés dont des Colombiens, selon différentes sources. Et les camions envoyés par les États-Unis ont dû rebrousser chemin. Une situation qui suscite la colère et la frustration des Vénézuéliens. Europe 1 est sur place.

Des balles contre des pierres

Les partisans du président autoproclamé par intérim du Venezuela Juan Guaido étaient présents aux différentes frontières pour faire entrer l'aide sur le territoire national. Mais les forces de l'ordre fidèles au président Nicolas Maduro ont répliqué. Des détonations ont retenti, face à des jets de pierres. Au bout du pont qui sépare le Venezuela de la Colombie, des gaz lacrymogènes se mêlaient à la fumée qui s'échappait encore des cendres de l'aide humanitaire.

 

Une aide humanitaire qui n'est pas entrée au Venezuela

Deux camions de médicaments incendiés. Deux camions et leur cargaison de médicaments ont été incendiés peu après être entrés au Venezuela depuis la Colombie, selon les autorités colombiennes qui ont alors ordonné le retour des autres véhicules. C'est la police vénézuélienne qui a mis le feu à deux camions, raconte un témoin rencontré par l'envoyé spécial d'Europe 1. "Voilà l'image d'un dictateur qui se fiche de son peuple", regrette l'un d'eux.

Les camions portés par la foule avaient pourtant presque réussi à franchir le passage ouvert par des policières vénézuéliennes. Mais l'espoir s'est très vite éteint. Sur le pont si symbolique de Tienditas, l'un des organisateurs a eu bien du mal à convaincre des centaines de personnes de rebrousser chemin. "On pensait que tout serait réglé", raconte Lenora les larmes aux yeux. "Mais c'est plus difficile que prévu. Je suis très émue et très déçue aussi."

Une aide humanitaire repoussée. Même situation à la frontière avec le Brésil où deux camions chargés d'aide ont rebroussé chemin. Un bateau parti de Porto Rico avec de l'aide a par ailleurs rebroussé chemin après avoir "reçu des menaces directes de tir" de marine vénézuélienne, a affirmé le gouverneur de l'île américaine, Ricardo Rosello.

La députée de l'opposition Gaby Arellano s'indigne : "C'est un crime contre l'humanité qu'a commis Maduro aujourd'hui. Nous sommes venus pacifiquement et ils ont décidé de brûler notre camion de médicaments. Mais en faisant ça, Maduro renforce encore plus notre détermination."

Les partisans de chaque camp s'affrontent

Une marche de soutien pour chacun des dirigeants. Alors que les affrontements éclataient aux frontières, deux marches concurrentes se tenaient à Caracas, l'une en blanc, en soutien à Juan Guaido et l'autre, en rouge, pour Nicolas Maduro. Plusieurs milliers de partisans de Juan Guaido se sont ainsi retrouvés devant l'aéroport militaire de la Carlota pour appeler l'armée à laisser passer l'aide.

Des désertions de militaires. Autre événement marquant de cette journée, la défection de plusieurs militaires jusque là fidèles à Nicolas Maduro. Selon les autorités colombiennes, au moins 60 militaires vénézuéliens désarmés, dont plusieurs officiers, ont déserté samedi et sont passés en territoire colombien où ils ont demandé l'asile. L'un des militaires s'est présenté comme "le major Hugo Parra", en uniforme de la Force armée nationale bolivarienne. "Je reconnais notre président Juan Guaido et je lutterai avec le peuple vénézuélien à chaque étape", a-t-il déclaré devant la presse.

Juan Guaido en appelle à la diplomatie régionale

Guaido à la recherche d'appuis étrangers. "Je demande à la communauté internationale de garder toutes les options sur la table", a déclaré Juan Guaido. "Lundi, je participerai à une réunion avec tous les dirigeants de la région ainsi que le vice-président des États-Unis pour étudier de possibles actions diplomatiques pour coopérer. Ma responsabilité comme président par intérim est de rechercher ces soutiens pour exiger que l'aide entre au Venezuela, d'étudier les chemins vers la démocratie pour que cette usurpation cesse et j'ai confiance. Nous allons nous battre jour après jour et nous chercherons les appuis nécessaires pour mettre fin à la tyrannie."

Washington annonce qu'il va "passer aux actes". De leur côté, les États-Unis ont affirmé samedi qu'ils vont "passer aux actes" pour soutenir la démocratie au Venezuela tout en qualifiant de "brutes" les forces de sécurité du président Nicolas Maduro. "Nous sommes solidaires avec ceux qui poursuivent leur lutte pour la liberté. #EstamosUnidosVE", a tweeté le secrétaire d'État américain Mike Pompeo.