Accusé de gestes déplacés, deux parlementaires américains démissionnent

Le sénateur américain Al Franken a annoncé qu'il allait démissionner dans les prochaines semaines.
Le sénateur américain Al Franken a annoncé qu'il allait démissionner dans les prochaines semaines. © SAUL LOEB / AFP
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avec AFP et Reuters , modifié à
Le sénateur démocrate Al Franken et l'élu républicain Trent Franks ont annoncé jeudi qu'ils allaient démissionner. 

Le sénateur démocrate américain Al Franken, accusé de gestes déplacés par plusieurs femmes, a annoncé jeudi sa démission prochaine, après trois semaines d'une tempête politique au cours de laquelle la plupart de ses collègues démocrates l'ont appelé à quitter le Sénat. Un autre parlementaire américain, le républicain Trent Franks, élu de l'Arizona à la Chambre des représentants, a lui aussi annoncé jeudi soir qu'il renonçait à son mandat du fait d'accusations de comportement déplacé.

"Rien fait pour déshonorer cette institution". "Je sais, au fond de mon cœur, que je n'ai rien fait pour déshonorer cette institution", a-t-il déclaré lors d'un discours prononcé depuis l'hémicycle. "Toutefois, j'annonce aujourd'hui que dans les prochaines semaines, je démissionnerai du Sénat". "Je m'en vais alors qu'un homme qui s'est vanté d'avoir agressé sexuellement des femmes occupe le Bureau ovale", a-t-il ajouté.

Beaucoup d'élues et d'élus estiment que le Congrès américain se situe à un moment-charnière, un point de l'histoire où chacun doit, sans la moindre ambiguïté, adopter une politique de tolérance zéro envers tout comportement déplacé, a fortiori du harcèlement ou des agressions sexuelles. C'est ce qui a poussé, mercredi en moins de 24 heures, 32 des 48 démocrates et apparentés du Sénat à appeler Al Franken, 66 ans, à la démission. Un mouvement lancé par un groupe de sénatrices après un nouveau témoignage.

Représailles. Le républicain Trent Franks, 60 ans, a annoncé lui sa démission alors que la commission d'éthique de la Chambre des représentants venait d'ouvrir une enquête le visant pour des faits signalés de harcèlement sexuel. L'élu de l'Arizona est également accusé d'avoir infligé des représailles à des femmes qui lui avaient résisté. Le parlementaire a expliqué à la presse qu'il démissionnait parce que dans "le climat culturel et médiatique actuel", la couverture de l'enquête de la commission d'éthique risquait de "porter atteinte à ceux qui (lui) sont le plus chers". Deux de ses ex-collaboratrices lui reprochent de leur avoir demandé d'être la mère porteuse d'un enfant que son épouse et lui souhaitaient avoir.

Changement de culture. Le Congrès a longtemps été une institution machiste. Aujourd'hui, les femmes ne représentent que 20% des parlementaires. Mais il y vingt ans, elles n'étaient que 12%; il y a trente ans, 5%. Nancy Pelosi, chef de l'opposition démocrate de la Chambre, qu'elle fut la première femme à présider de 2007 à 2010, s'est félicitée du changement de culture, illustré notamment par la désignation par le magazine Time, comme personnalité de l'année, des femmes ayant brisé le silence sur le harcèlement sexuel.

"Notre pays a franchi le Rubicon, grâce à ces femmes", s'est félicitée Nancy Pelosi jeudi. "Ça suffit", a expliqué la sénatrice Kirsten Gillibrand, qui la première a appelé Al Franken à la démission. "Le pays a besoin de cette conversation. C'est une erreur de faire la différence entre agression sexuelle, harcèlement sexuel ou geste déplacé. Il faut tracer une ligne rouge, et dire qu'aucun de ces comportements n'est acceptable".