Le déplacement était attendu des deux côtés. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu s'est rendu pour la première fois à Kiev, presqu'un an après le début du conflit contre la Russie. Une rencontre avec son homologue ukrainien a été organisée avec en ligne de mire : prouver le soutien militaire de la France à l'Ukraine et réaffirmer l'engagement de l'Hexagone à fournir des armes au cours des prochains mois du conflit.
Pourtant, face à la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Pologne et bien sûr les États-Unis, l'aide de Paris fait pâle figure. La nation ne pointe qu'à la 10e position des pays les plus "soutenants". "Je pense que la France donne à hauteur de ses moyens", estime le Général Christophe Gomart au micro d'Europe 1. Pour ce dernier, "la visite de Sébastien Lecornu à Kiev", était organisée aussi pour "savoir quels étaient les besoins réels de l'armée ukrainienne après le don de la France de 18 canons CEASAR et d'un certain nombre de munitions."
"Garder des moyens"
Mais il ne faut oublier "que la France a la première armée européenne, mais également des engagements ailleurs dans le monde", souligne l'ancien chef du renseignement militaire. "Donc, notre pays a besoin de garder des moyens et en particulier, des munitions et des canons".
Malgré une aide militaire plus faible que certains de ses voisins, la France a su se montrer généreuse, assure le Général Christophe Gomart. "Quand on dit qu'on a donné 18 canons CEASAR", cela signifie "qu'on a donné 25% de notre artillerie. Je ne sais pas si la Pologne a donné exactement la même chose", souligne-t-il.
La question des stocks d'armes
Reste une question pour les deux pays : la quantité d'armes produites et livrables. "La France a la chance d'avoir une belle industrie d'armement. Mais elle travaille à flux tendu, c'est-à-dire qu'en fait il n'y a pas de stocks. L'industriel fourni la commande une fois le contrat signé. Et surtout, les lignes de productions ne sont pas infinies", explique-t-il.
Alors, la France doit piocher dans ses ressources pour soutenir l'Ukraine face à l'ennemi russe. Un soutien nécessaire mais qui oblige la France à se désarmer en armant Kiev, met en garde le Général. "On s'est dépoilé, pardonnez-moi l'expression", conclut-il au micro d'Europe 1.