Vatican : ils étaient place Saint-Pierre et ils racontent

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Maud Descamps, envoyée spéciale à Rome , modifié à
REPORTAGE - Europe1.fr est allé à la rencontre de pèlerins, après l'annonce du "Habemus papam".

Sa joie est telle qu’il sautille sur place, faisant tremper le bas de sa soutane dans les flaques d’eau qui parsèment la via della Conciliazone. Le frère Thomas Frederickson, originaire des Etats-Unis et membre de la congrégation religieuse de prêtres catholiques Légion du Christ, est comme un enfant à qui l’on vient d’offrir une glace.

 

Thomas

"C’est un moment tellement important pour nous", confie-t-il, le visage éclairé par la lumière d’un lampadaire, à quelques centaines de mètres de la place Saint-Pierre. Lui et ses confrères rentrent au séminaire où ils célèbreront -  à leur manière, c’est-à-dire par la prière - l’élection du nouveau pape, François. "Tout le monde est si heureux. Pouvoir l’entendre de vive voix, quelle joie !", s’exclame cet homme âgé d’à peine 27 ans, avant de rejoindre ses compères déjà en route pour le séminaire.

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Un peu plus loin en allant vers la place Saint-Pierre, sur la via Paolo VI, qui longe les colonnes de la place, Franco, un étudiant italien et sa petite amie quittent la place. "Ce soir, nous devons réviser pour nos examens, mais nous serons à la messe dimanche pour prier", explique le jeune homme.

Franco

"Nous sommes vraiment très heureux d’avoir ce pape. Je pense que c’est un beau message pour l’Amérique latine et pour la jeunesse aussi ", confie cet étudiant en médecine. "J’espère qu’il sera un pape social : celui des pauvres et de ceux qui souffrent", déclare-t-il.

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Derrière le couple, entre les lignes de colonnes de la place Saint-Pierre, Rossina et Katarina tendent leur téléphone à un passant pour qu’il immortalise cette soirée hors du commun. Ces deux étudiantes allemandes, originaires de Bavière, font leurs études à Rome.

 

Allemandes

"C’est un sentiment incroyable que d’être ici ce soir", tente d’expliquer Rossina qui cherche ses mots. "Nous sommes si heureuses… ", ajoute la jeune femme de 20 ans, avant d’éclater de rire avec son amie, euphorique.

A côté de l’obélisque au centre de la place, les caméras tournent à plein régime. Bien que la foule se soit vite dispersée après les quelques mots prononcés par le nouveau pape, quelques groupes demeurent, drapeaux et banderoles à la main. Parmi eux, Odin. Ce frère colombien, de la communauté de l’Immaculée Conception, tient, lui, un journal entre les mains : la toute dernière édition de l’Observatore Romano. Il s’agit en fait d’une édition spéciale, du journal du Vatican, éditée quelques minutes seulement après le "Habemus papam" et devenue collector.

"Nous sommes très heureux car cet homme est quelqu’un de très proche des gens", explique le jeune religieux, qui ne tarit pas d’éloges sur le nouveau pape. "Il est un homme de cœur, disponible pour son prochain". Pour lui, pas de doute, François "va permettre à l’Amérique latine, évangélisée par les Européens, de tendre, à son tour, sa main à l’Europe".

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Pour Fannie, une jeune femme de 26 ans, originaire d’Annecy, l’élection de François a été un moment "grandiose". "C’est beaucoup d’émotion!", confie-t-elle. "Je pense que c’est bien de faire passer des nouveaux messages, car nous avions jusque là un pape qui était assez strict, assez rigoureux, de la vieille école. Donc là, j’espère que ça apportera vraiment du nouveau", conclut-elle.

 

En quittant la place, en direction de la via di porta Angelica, le Père Martin confie sa surprise. "Je suis très content mais surtout très surpris par ce choix", confie ce religieux argentin, originaire de Salta, dans le nord du pays. "Maintenant je suis impatient de voir ce qu’il va faire, car dans cette société actuelle tournée vers le consumérisme, j’attends de lui de se tourner vers la simplicité", conclut-il.

 

padre martin

Les rues autour du Vatican se vident peu à peu. Quelques pèlerins s'arrêtent chez un marchand de pizzas à emporter au coin de la citta del vaticano et de la plazza del resorgimento. D'autres, épuisés par les longues heures passées sous la pluie mais aussi par l’émotion vécue toute au long de cette soirée, regagnent, à pied, leur hôtel ou communauté. La plupart se retrouveront mardi pour la première messe donnée par le pape François.