Une crise politique sans fin en Belgique

Johan Vande Lanotte, le médiateur royal en Belgique, a démissionné mercredi.
Johan Vande Lanotte, le médiateur royal en Belgique, a démissionné mercredi. © MAXPPP
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avec agences
Le médiateur royal, qui devait aider à la formation d’un gouvernement, a démissionné mercredi.

Sans gouvernement depuis 7 mois, la Belgique s’enfonce de plus en plus dans la crise politique. Mercredi, le médiateur royal a démissionné après trois mois de vaines tentatives de conciliation entre les différents partis politiques francophones et néerlandophones pour trouver un accord en vue de former un gouvernement.

"Pas de perspective de progrès"

"J'ai informé le roi qu'il n'a pas été possible de sortir de cette impasse et qu'il n'y a pas de perspective réelle de progrès", a expliqué le socialiste flamand Johan Vande Lanotte. Pour sa défense, il a mis en exergue le manque "d'ouverture d'esprit" des sept partis politiques - trois francophones et quatre flamands - avec lesquels il négociait.

Il a pris cette décision trois jours après une manifestation qui a rassemblé plus de 30.000 Belges dans les rues, à l’occasion d’une "marche de la honte". Une première dans le pays. Ils dénonçaient la crise politique dans le pays.

Toujours les mêmes points de blocages

A la suite de la démission du médiateur, la formation d'un véritable gouvernement à la tête du pays, introuvable depuis les élections législatives de juin 2010, est encore repoussée. La Belgique reste donc dans l'immédiat administrée par un cabinet chargé d'expédier les affaires courantes.

Désigné le 21 octobre, Johan Vande Lanotte avait démissionné une première fois le 6 janvier mais s'était laissé convaincre par le roi de faire un dernier effort. Après d'ultimes rencontres mercredi, menées visiblement dans une ambiance électrique selon des médias belges, il n'a même pas réussi à les convaincre de se réunir autour d'une même table.

La raison ? Les points de blocage sont toujours les mêmes depuis des mois. Les francophones de Wallonie et Bruxelles veulent limiter l'autonomie nettement renforcée que réclament les Flamands (60% des 11 millions de Belges), aiguillonnés par le parti indépendantiste N-VA.

Les partis néerlandophones souhaitent, eux, des transferts poussés de compétences au niveau fiscal, de l'emploi et de la santé aux régions - la Flandre, la Wallonie et Bruxelles -. La Flandre conteste aussi la spécificité de Bruxelles en tant qu'entité autonome au profit d'une cogestion avec les francophones.

Vers des élections anticipées ?

Que va-t-il maintenant se passer ? Il est question d'élargir les tractations aux libéraux belges, absents jusqu'ici. Objectif : amadouer la N-VA, un parti de droite qui, sur le plan économique et social, en est proche. La presse évoque l'option d'exclure la N-VA des négociations, en raison de son côté jusqu'au-boutiste, mais elle paraît irréaliste car il s'agit du premier parti flamand.

Le roi doit reprendre ses consultations jeudi. Mais en cas de persistance de l'impasse, il ne va pas avoir d’autres choix que de convoquer de nouvelles élections, moins d'un an après les précédentes.

Le pays a déjà battu le 8 janvier le record d'Europe de la plus longue crise politique, détenu par son voisin néerlandais, qui avait mis 208 jours pour former un gouvernement en 1977. Il se dirige à présent vers un record du monde peu glorieux, détenu par l'Irak, à qui il avait fallu 289 jours pour former un cabinet en 2009.