Un lobby gay au Vatican, le Pape y croit

La réforme de la Curie, voulue par "presque tous les cardinaux" lors des réunions préparatoires du dernier conclave, est une entreprise "difficile", a affirmé le pape.
La réforme de la Curie, voulue par "presque tous les cardinaux" lors des réunions préparatoires du dernier conclave, est une entreprise "difficile", a affirmé le pape. © Reuters
  • Copié
Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Le pape François aurait parlé de problèmes sensibles de son gouvernement à des hôtes extérieurs.

L'INFO. S'ils étaient bien confirmés, ces propos du pape argentin constitueraient un changement de ton au Vatican. Le pape François a reconnu mardi un "courant de corruption" et la présence d'un "lobby gay" au sein de la Curie. Ce serait la première fois qu'un pape aura parlé aussi directement d'un problème si sensible à des hôtes extérieurs.

Le pape appraît au balcon au Vatican, 930*620

© REUTERS

De la corruption. La réforme de la Curie, voulue par "presque tous les cardinaux" lors des réunions préparatoires du dernier conclave, est une entreprise "difficile", aurait reconnu le pape lors de cette audience accordée le 6 juin aux responsables de la Confédération latino-américaine et des Caraïbes des religieux et religieuses (CLAR).

Selon une synthèse de cet échange de près d'une heure, rapportée le 11 juin par le site catholique progressiste "Reflexión y Liberación" et dévoilé mardi par des médias à Rome, le pape aurait affirmé : "dans la Curie, il y a des gens saints, vraiment, mais il y a aussi un courant de corruption". Un fléau que le pape Benoît XVI s'était déjà attelé à endiguer.

curie vatican 930

© Reuters

Un lobby gay. Mais le pape ne se serait pas arrêté là. "On parle de 'lobby gay', et c'est vrai, il existe. Il faut voir ce que nous pouvons faire", aurait-il encore affirmé selon ce compte-rendu. "Je ne peux pas mener moi la réforme", aurait-il poursuivi, reconnaissant être très "désorganisé". De fait, il y a au Vatican des personnes homosexuelles "mais de là à en déduire l'existence d'un véritable lobby, c'est probablement aller un peu vite en besogne", analyse Frédéric Mounier, spécialiste du Vatican et consultant pour Europe 1. "Dans cette rencontre, le pape a surtout évoqué le scandale de la pauvreté, la chute des vocations, la nécessité d'un retour à la foi. Autant de sujets qu'il aborde régulièrement mais cette fois en public", tempère Frédéric Mounier.

Un groupe de travail en octobre. Ce travail de réforme de la Curie sera celui d'un groupe de huit cardinaux qu'il a nommés et qui doit se réunir pour la première fois de façon officielle à Rome au mois d'octobre.

Des médias italiens parlaient déjà de ce lobby. Avant l'élection du pape François, plusieurs journaux italiens avaient évoqué l'existence d'un "lobby gay" qui serait à la fois groupe de pression et victime de chantage de prélats au Vatican. L'existence de ce réseau aurait bouleversé Benoît XVI et contribué à sa décision de démissionner. Mais le Saint-Siège avait démenti avec fermeté ces "médisances, désinformation et calomnies". Depuis très longtemps, des informations courent sur l'homosexualité de certains religieux, qui auraient des relations dans la plus grande discrétion à l'extérieur du petit Etat.