Tunisie : la révolte de la jeunesse

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avec agences , modifié à
Le malaise social s’exprime à travers de violentes manifestations, provoquées par un fait divers.

La Tunisie est depuis le 19 décembre le théâtre de violents affrontements entre manifestants, souvent jeunes, et forces de l'ordre. Le mécontentement se concentre dans le centre-ouest du pays, dans la région de Sidi Bouzid, après qu'un jeune ait tenté de mettre fin à ses jours.

Le malaise social d’une bonne partie de la jeunesse s’exprime depuis la tentative de suicide d’un jeune diplômé de l'université, vendeur sans permis de fruits et légumes qui s’était fait confisquer sa marchandise par la police municipale. Désespéré, le jeune homme s'était aspergé d'essence pour s'immoler par feu. Il a survécu mais se trouve dans un état critique.

L’exaspération de la population

Ce fait divers a fait office de déclic pour une partie de la jeunesse : cinq jours plus tard un autre jeune a mis fin à ses jours en s'électrocutant au contact de câbles électriques. Depuis, les manifestations se multiplient pour dénoncer l’absence de perspectives offertes à la jeunesse, le coût de la vie et les inégalités croissantes. Le ministère de l'Intérieur a fait état d'un mort, de deux policiers grièvement blessés et d'importants dégâts matériels lors des différentes échauffourées dans la région.

La Tunisie forme sa jeunesse mais peine à lui trouver du travail et privilégie les investissements à visée touristique, aux dépens de nombreuses régions intérieures. Le chômage des jeunes diplômés est une telle menace que même le Fonds monétaire international a mis en garde le gouvernement. Son taux atteindrait le double du taux de chômage global, estimé officiellement à 14%. En dehors des zones touristiques, trouver un emploi qualifié est souvent difficile, surtout si on ne fait pas partie d'une grande famille.

La réaction à deux temps des autorités

Face à la vague de manifestations dans la région de Sidi Bouzid, le gouvernement a d'abord dénoncé une manipulation à des fins politiques "malsaines". Le président Ben Ali a déploré “l'ampleur exagérée qu'ont prise ces événements à cause de leur instrumentalisation politique par certaines parties qui ne veulent pas le bien de leur patrie". Les sites internet d'information et les plate-formes de vidéos évoquant ces manifestations ont par ailleurs été bloqués.

Les autorités ont ensuite décidé de prendre des mesures urgentes en faveur de la région. Ces mesures annoncées par le ministre du Développement, Mohamed Nouri Jouini, portent sur la création d'emplois et des projets pour un montant de 15 millions de dinars (7,86 millions d'euros). Les manifestations se sont néanmoins poursuivies alors que des rassemblements de solidarité étaient organisés dans plusieurs villes de Tunisie et à Paris.

Mercredi, le président tunisien a annoncé un remaniement ministériel, marqué par le remplacement du ministre de la Communication Oussama Romdhani. Une conséquence directe des troubles sociaux qui secouent le pays.