Royaume-Uni : le MI5 accusé d'avoir couvert des viols d'enfants

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Les services de renseignement britanniques auraient bloqué des enquêtes policières pour mener leur propre enquête et protéger des informateurs.

Londres s'est-elle rendue complice de viols sur mineurs ? Des victimes présumées d'abus sexuels veulent forcer le MI5 à lever le voile sur l'affaire du foyer pour garçons de Kincora, en Irlande du Nord. Les services de renseignement britanniques sont accusés d'avoir délibérément couvert des viols dans les années 70. La haute cour d'Irlande du Nord doit décider mardi si la plainte est recevable ou non.

Protéger leurs informateurs. L'affaire du foyer pour garçons de Kincora, qualifié par Amnesty international d'un des "plus gros scandales de notre époque", a éclaté dans les années 80. Les victimes présumées affirment que les services de renseignements ont volontairement laissé faire les abus sexuels pendant des décennies, peut-on lire dans The Guardian. Le foyer était dirigé par un membre d'une milice protestante, qui aurait proposé les enfants en pâture à des pédophiles.

William McGrath, directeur du foyer et leader de Tara, un groupe extrémiste protestant, était régulièrement désigné comme un informateur du renseignement britannique. Il avait été condamné en 1981 pour crime sexuel et est depuis décédé. Au moins un député conservateur aurait fait partie des pédophiles se rendant dans le foyer de Kincora.

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De la théorie du complot à une plainte devant la justice. Au moment de la révélation de l'affaire, l'idée de complicités du MI5 paraissait relever de l'ordre de la théorie du complot. "Des déclarations de longue date mettent en cause le MI5, qui aurait bloqué une ou plusieurs enquêtes policières à Kincora dans les années 70 pour protéger ses propres opérations de renseignement", a indiqué Amnesty international, qui parle d'une "terrible accusation qui invoque l'image d'un nombre incalculable de garçons subissant des années supplémentaires d'abus brutaux". Dans les années 80, les forces de l'ordre irlandaises s'étaient vues refuser un entretien avec le chef du MI5 à plusieurs reprises sur l'affaire de Kincora.

C'est la première fois qu'une plainte vise à impliquer directement l'Etat dans des abus sexuels sur mineurs. Si la procédure est jugée recevable, le MI5 pourrait être obligé de mettre à disposition de la justice des documents secrets.