Québec : une catastrophe écologique ?

L'enquête indépendante ouverte par le Bureau canadien de la sécurité des transports (BST) semble se concentrer sur une des cinq locomotives du convoi, qui transportait 72 wagons-citernes.
L'enquête indépendante ouverte par le Bureau canadien de la sécurité des transports (BST) semble se concentrer sur une des cinq locomotives du convoi, qui transportait 72 wagons-citernes. © Reuters
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Charles Carrasco avec agences , modifié à
Le déraillement de ce "train-fantôme" à Lac-Mégantic a fait treize morts et 50 disparus.

L’INFO. Le bilan humain est déjà très lourd et devrait encore s’alourdir. Mais les autorités vont maintenant devoir faire face à un risque de catastrophe écologique. Alors que l’explosion d’un train transportant du pétrole à Lac-Mégantic au Canada a déjà fait 13 morts et 50 disparus, les autorités s’inquiètent également des 100.000 litres pétrole qui se sont échappés. Cet hydrocarbure est actuellement  sur la rivière Chaudière et menace rapidement de se répandre dans le fleuve Saint-Laurent.  

> A lire : L'INFO : Grave catastrophe ferroviaire au Québec

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Un bilan humain qui devrait s’alourdir. L'intensité du brasier a été telle que certains bâtiments n'ont même plus de murs. Les policiers ont demandé aux proches des disparus de leur fournir "brosses à dents, brosses à cheveux, peignes, casquettes" qui pourraient contenir des échantillons d'ADN aidant à l'identification des dépouilles. Les 50 disparus ne seront considérés comme décédés "que lorsque leurs corps auront été retrouvés", a précisé un porte-parole de la police, Benoît Richard

Le fleuve qui relie les grands lacs. Petite ville des Appalaches lovée autour du lac du même nom, Lac-Mégantic s'était embrasée vers 7h30 samedi lorsqu'un train sans conducteur convoyant du pétrole brut a déraillé, faisant exploser au moins quatre wagons-citernes contenant 100 tonnes de pétrole chacun. C'est "une question d'heures" avant que le pétrole ne se jette dans ce fleuve reliant les Grands lacs à l'océan Atlantique, a indiqué un porte-parole du ministère québécois de l'Environnement, Eric Cardinal. "Toutes les ressources sont déployées pour limiter au maximum la quantité qui pourrait se rendre" dans cet axe maritime qui traverse le Québec d'Est en Ouest, a-t-il assuré.

Des barrières ont été mises en place sur la rivière Chaudière :

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Une pellicule de pétrole :

Des municipalités à proximité sont inquiètes et craignent pour la qualité de leur eau potable :

Un problème de freins. Selon les premiers éléments de l’enquête, la catastrophe pourrait être liée à une erreur de manipulation des freins. Les pompiers, appelés pour éteindre un feu qui s'était déclaré sur le moteur de l'une des cinq locomotives du convoi peu de temps auparavant, ont coupé ce moteur qui alimentait en électricité les freins pneumatiques du train stationné sur une pente près de la ville de Nantes, à 12 km de Lac-Mégantic. Le conducteur du train avait laissé le moteur en marche afin de maintenir la pression des freins pneumatiques.

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Selon le président de la compagnie ferroviaire locale, la pression a alors peu à peu commencé à diminuer, rendant les freins inopérants et entraînant la mise en mouvement du convoi de 72 wagons dans la pente. Emporté par sa vitesse, le train a déraillé et au moins quatre wagons ont explosé, provoquant une gigantesque boule de feu au cœur de cette petite ville de 6.000 habitants.

Un manque d’oléoducs. Cet accident a par ailleurs relancé le débat sur le transport ferroviaire de pétrole en Amérique du Nord, qui a pris de l'ampleur ces dernières années du fait du manque d'oléoducs reliant les nouveaux bassins d'or noir de l'ouest du continent aux marchés en demande.