Premières élections post-Kadhafi en Libye

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Solène Cordier avec agences , modifié à
Les Libyens sont appelés aux urnes samedi. Les autorités craignent des violences.

Quelque 2,8 millions de Libyens élisent samedi leurs futurs représentants. Cette première élection depuis la chute de Mouammar Kadhafi pourrait ouvrir la voie aux Frères musulmans.

Dans quel contexte ces élections législatives interviennent-elles ?

C’est la première fois que les Libyens sont appelés aux urnes samedi pour élire une Assemblée constituante, après quarante-deux ans de règne de Mouammar Kadhafi.

Lle Conseil national de transition (CNT), qui assure l’intérim, a été chargé d’organiser le scrutin.

Depuis la mort du dictateur, survenue le 20 octobre 2011 à la suite de quelques mois de guerre civile, la Libye connaît une liberté sans précédent même si le pays, à l’organisation tribale, reste instable et agité de violences sporadiques. Depuis la chute de Kadhafi, plus de 140 partis politiques ont été créés dans le pays.

Pourquoi les Libyens votent-il ?

Il s'agit d'élire une assemblée constituante de 200 membres qui désignera à son tour un gouvernement, censé remplacer l'actuel CNT, nommera le futur Premier ministre et rédigera une nouvelle Constitution.

Plus de 2,7 millions de Libyens et de Libyennes (environ 80% des électeurs potentiels) se sont inscrits sur les listes électorales.

Les électeurs vont devoir choisir entre 3.700 candidats à la députation, qui se présentent sans étiquette ou au nom d’un parti politique, sur les 72 circonscriptions existantes.

Le Parti de la Justice et de la Construction, qui représente les Frères musulmans, présente le plus grand nombre de candidats.

Les conditions sont-elles réunies pour que le scrutin se passe correctement ?

Des craintes s'expriment sur les capacités du gouvernement de transition à assurer la sécurité du scrutin. Dans l'Est, des partisans du fédéralisme, réclamant plus de sièges parmi les 200 élus de la future Assemblée constituante, ont appelé au boycott et menacé de saboter le processus électoral.

L'organisation International Crisis Group (ICG) a prévenu que "des manifestants armés menacent de perturber le vote dans la partie orientale du pays".

Qui sont les favoris ?

Les analystes éprouvent beaucoup de difficultés à faire des pronostics en raison de l’absence de sondages mais trois grands courants politiques devraient sortir du lot samedi soir : le Parti de la justice et de la construction, vitrine politique des Frères musulmans libyens, Al Watan (La Nation), la nouvelle formation d'Abdel Hakim Belhadj, un ancien djihadiste devenu commandant militaire de Tripoli durant l'insurrection contre Kadhafi, et l'Alliance des forces démocratiques de l'ancien chef du CNT, Mahmoud Djibril. 

Les autorités ont prudemment choisi de ne pas donner de date pour l’annonce des résultats.