Poutine de retour au Kremlin ?

Vladimir Poutine a-t-il jamais perdu la main au Kremlin ? Ces poupées russes ne semblent pas dupes.
Vladimir Poutine a-t-il jamais perdu la main au Kremlin ? Ces poupées russes ne semblent pas dupes. © REUTERS
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avec agences , modifié à
Il pourrait retrouver son fauteuil dès dimanche à l'issue d'un scrutin dénoncé par l'opposition.

Les Russes sont appelés aux urnes dimanche pour un scrutin présidentiel dont l'issue laisse peu de place au doute. Tous les observateurs estiment que ce "simulacre d'élection" – selon l'expression de la politologue Hélène Blanc au Figaro – assure à Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 2000, de retrouver le fauteuil qui était le sien au Kremlin.

En 2008, à l'issue de ses deux mandats légaux, Vladimir Poutine avait, en effet, abandonné son siège au Kremlin… tout en y plaçant  Dmitri Medvedev, son fidèle lieutenant. Lequel fit aussitôt appel à lui pour prendre la tête du gouvernement.

Son futur Premier ministre ? Dmitri Medvedev 

Ce tandem Poutine-Medvedev n'est pas prêt de changer : Vladimir Poutine a réaffirmé vendredi qu'en cas de victoire dimanche, Dmitri Medvedev deviendrait son Premier ministre. Poutine a expliqué qu'il préparait de concert une "libéralisation du système politique", instaurant notamment "des élections pour les gouverneurs" et autorisant "davantage de partis politiques".           

Car Vladimir Poutine ne doute pas de sa victoire. L'intéressé s'est ainsi dit sûr, vendredi, d'avoir le soutien de la majorité des Russes, même dans les grandes villes et au sein de la classe moyenne où l'opposition est réputée la plus forte. "Vous considérez que là-bas la majorité de la population est contre moi ? Dans quels sondages ? J'y ai simplement moins de partisans, mais ces derniers sont tout de même la majorité", a-t-il jugé.

Les adversaires de Vladimir Poutine en lice pour la présidentielle se comptent sur les doigts d'une main : ils sont quatre. Tous se sont gardés d'attaquer frontalement le régime, les plus critiques n'ayant même pas pu présenter de candidat. L'homme fort de la Russie s'est efforcé ces derniers mois de diaboliser ses détracteurs, les accusant d'être à la solde des Etats-Unis, de préparer des fraudes électorales pour mettre en cause le pouvoir et même de vouloir assassiner l'un des leurs pour pouvoir en accuser le régime. L'opposition dénonce ce discours et estime que le scrutin de dimanche ne peut être libre, Vladimir Poutine ayant bénéficié dans sa campagne du soutien de tous les médias d'Etats et organes du pouvoir.

Une manifestation est déjà prévue lundi

L'opposition craint surtout que le pire soit à venir : de nombreux activistes de l'opposition redoutent ainsi un changement d'attitude du Kremlin après les élections de dimanche et le début d'une répression à grande échelle. L'ancien maître-espion du KGB a fermement démenti ces rumeurs. : "et pourquoi le ferais-je ? Pourquoi ces craintes, alors que nous faisons exactement l'inverse ? Nous n'avons rien prévu de tel", a-t-il martelé. Il a, toutefois, refusé de répondre favorablement à la tenue de législatives anticipées.  

Après les manifestations sans précédent de décembre et février visant à dénoncer des fraudes présumées lors des législatives de décembre et la mainmise de Poutine sur le pays, l'opposition a déjà prévu une nouvelle manifestation dès lundi. Les responsables de l'opposition craignent que le scrutin soit à nouveau truqué, avec un score supérieur à 50% dès le premier tour afin d'éviter la tenue d'un embarrassant second tour.