Otan : un premier accord

L'Otan, et les Etats-Unis en tête, vont tenter de convaincre la Russie que le système antimissile ne se fera pas contre elle, proposant même d'y participer.
L'Otan, et les Etats-Unis en tête, vont tenter de convaincre la Russie que le système antimissile ne se fera pas contre elle, proposant même d'y participer. © REUTERS
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Les dirigeants ont trouvé un terrain d'entente sur le bouclier antimissile, vendredi à Lisbonne.

L'Otan s'est réuni vendredi à Lisbonne pour un sommet consacré à la sortie du conflit afghan, mais aussi à ses relations avec son ancien ennemi de la Guerre Froide, la Russie. La journée de samedi sera consacrée à cette relation, avec pour principal sujet de discussion le projet de bouclier antimissile. Un premier pas en avant a été fait, à ce sujet, vendredi soir. Les dirigeants de l'Alliance atlantique ont adopté un nouveau concept stratégique qui guidera son action pour les dix ans à venir, se mettant d'accord sur un bouclier antimissile.

Obama est "heureux"

Ce document de 11 pages, qui remplace un précédent document datant de 1999, mentionne un système antimissile destiné à protéger les populations et les territoires de l'Alliance atlantique, qui sera désormais "un des éléments centraux de (leur) défense collective".

"Les Etats-Unis et nos alliés de l'Otan ont réalisé aujourd'hui des progrès substantiels", s'est réjoui le président américain Barack Obama. "Je suis heureux d'annoncer que pour la première fois, nous nous sommes mis d'accord pour développer un système de défense antimissile suffisamment puissant pour couvrir le territoire européen de l'Otan et ses populations, de même que les Etats-Unis", a-t-il ajouté, avant de se dire "très optimiste sur le fait que ce sommet de Lisbonne fera date".

Allemands et Américains tendent la main

Aux antipodes de la Guerre Froide, le dialogue avec la Russie s’annonce cordial, comme l’a laissé présager la chancelière allemande Angela Merkel. Ce sommet "pourrait se révéler un pas déterminant dans notre relation avec la Russie", a-t-elle espéré, avant d’ajouter: "J'aimerais voir la Russie incluse".

Les Américains ont tenu un discours tout aussi cordial. “Nous pouvons transformer ce qui était une source de tension par le passé en une source de coopération contre une menace commune", a espéré Barack Obama, arrivé vendredi à Lisbonne. Côté français, le président de la République s'est déclaré pour une participation matérielle et financière, alors que la hiérarchie militaire est plus sceptique.

La Russie prête au dialogue

Le président russe Dimitri Medvedev doit exposer samedi sa vision. Fin octobre, il s'était dit prêt à étudier l'offre faite par l'Otan, tout en restant prudent sur ce que serait sa réponse.

"Nous pensons que le processus euro-atlantique a en effet été enclenché et nous avons une bonne opportunité d'assister enfin au retrait des lignes de division et d'évoluer dans un espace de sécurité commun", a commenté le conseiller diplomatique du chef de l'Etat russe, Sergueï Prikhodko.

Une relation encore empreinte de méfiance

Moscou a toujours entretenu des relations tendues avec l'Otan. L'atmosphère s'est toutefois nettement améliorée depuis l'accès de tension provoqué par la guerre russo-géorgienne d'août 2008, qui avait entraîné une suspension des relations formelles entre la Russie et l'Alliance atlantique.

Lors de la dernière révision de sa doctrine stratégique, début 2010, la Russie avait pourtant identifié l’expansion de l’Otan en Europe de l’Est comme la menace numéro un. Un rapprochement constituerait un virage stratégique significatif.