"O.G.", le nouveau 007 belge?

"O.G." fait l'objet d'une enquête pour "infraction à la sécurité".
"O.G." fait l'objet d'une enquête pour "infraction à la sécurité". © Max PPP
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Charles Carrasco , modifié à
Un diplomate belge d'une cinquantaine d'années est soupçonné d'espionnage au profit de la Russie.

Alors que "007" fête cette année ses cinquante ans, il a peut-être trouvé son digne héritier. Un diplomate du "plat pays" d'une cinquantaine d'années est soupçonné d'espionnage au profit de l'URSS puis de la Russie et fait l'objet d'une enquête pour "infraction à la sécurité", rapportent vendredi plusieurs médias belges.

"O.G.", son nom de code, est un diplomate originaire de Bruges, qui a travaillé au sein des consulats de Tokyo, New York, Lisbonne, Lagos et New Delhi depuis une vingtaine d'années. Il a été rappelé de son dernier poste à Copenhague en juillet 2011, selon le quotidien De Standaard et le magazine MO.

"Nous pouvons confirmer qu'une enquête judiciaire est en cours contre un diplomate belge suspecté d'espionnage, de corruption passive et de violation du secret professionnel", a indiqué le procureur fédéral belge, Johan Delmulle. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Bruxelles a aussi indiqué vendredi que l'agent diplomatique avait été suspendu "il y a un peu plus d'un an" à la suite d'indications "d'infractions à la sécurité" et qu'une plainte avait été déposée.

Des premiers contacts à Tokyo

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© Max PPP

Tout aurait commencé à la fin des années 80. "O.G." entame ses études en langues slaves à l'université de Gand puis entre au très renommé Collège d'Europe à Bruges. Très vite, il est repéré par les services secrets russes.

Il aurait finalement été approché, quelques années plus tard, au cours de son premier poste en tant que diplomate à l'ambassade de Belgique à Tokyo par un officier du renseignement du KGB de la section "N", département spécialisé dans la mise en place de couvertures, d'intox et de fausses identités, précise le magazine MO. 

Selon la Sûreté de l'Etat, le service de renseignement civil belge, l'homme aurait fourni des informations à la Russie sur les subtilités permettant d'obtenir des titres de séjour en Belgique, et ce dès 1991, avant la fin de l'URSS, avance de son côté De Standaard.

Jusqu'en 2011, "O.G." n'est pas inquiété. Mais tout bascule lorsqu'il est envoyé au Danemark. La Sûreté de l'Etat est informée par des services de renseignement amis que des contacts existent entre le diplomate et la Russie. Elle lance une enquête et recueille de nombreuses informations sur "O.G.".

Bruxelles, "a place to be" pour les espions

Reste à savoir si le diplomate belge était au courant qu'il avait affaire à des agents secrets. Les contacts avec ces Russes "se déroulaient lors de réceptions diplomatiques et étaient purement professionnels", s'est défendu dans De Standaard le diplomate. "Je réfute totalement avoir jamais transmis d'informations sensibles", a-t-il déclaré au Standaard précisant qu'il n'a jamais transféré des informations déclassifiées, ni donné de visas, ni reçu de l'argent des Russes. 

Cette affaire a, en tout cas, mis sur les dents les autorités belges, inquiètes de ces éventuelles "failles". En septembre, le patron de la Sûreté de l'Etat avait expliqué que "des centaines d'espions" étaient "actifs à Bruxelles", le siège des institutions de l'Union européenne ainsi que de l'Otan. "La Belgique est un pays avec beaucoup de diplomates, d'hommes d'affaires, mais aussi d'institutions internationales, ce qui en fait donc une 'place to be' pour les espions", avait assuré Alain Winants sur le site EUobserver avant de conclure : "il serait naïf de croire que seuls des pays tels que la Russie, la Chine ou l'Iran déploient des espions".