Noël : Benoît XVI appelle à l'humilité

Le pape a présidé en la basilique Saint-Pierre la messe solennelle de la veillée de Noël.
Le pape a présidé en la basilique Saint-Pierre la messe solennelle de la veillée de Noël. © Reuters
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avec AFP , modifié à
De Rome à Bethléem, les chrétiens célèbrent la naissance de Jésus.

Le pape Benoît XVI a invité samedi, pendant la veillée de Noël, les hommes à délaisser les "scintillements" de la société de consommation et "l'orgueil" de la raison "libérale", en se laissant séduire par l'humilité et le message de paix de Jésus.

Dans la basilique Saint-Pierre, au cours de la messe solennelle célébrant la nativité de Jésus, retransmise en mondiovision, le pape de 84 ans est entré sur un estrade roulante sur laquelle il a lentement remonté la nef, le visage un peu figé. Il a été aidé à monter les marches de l'autel. Des dizaines de téléphones portables étaient tenus à bout de bras au-dessus de l'assistance pour immortaliser ce moment.

"Descendre du cheval de notre raison 'libérale' "

L'entrée du pape avait été précédée dans la basilique encore plongée dans l'ombre du chant de la "Kalenda", qui récapitule l’attente de l’avènement d'un Messie dans l'ancien Testament. Puis, la basilique s'est illuminée pour signifier la nouvelle de la naissance du Christ.

Le pape, qui fustige régulièrement l'excès de rationalisme et le refus de la transcendance, a invité les hommes à une attitude d'humilité face au mystère de Noël : "si nous voulons trouver le Dieu apparu comme un enfant, alors nous devons descendre du cheval de notre raison 'libérale' (...), déposer nos fausses certitudes, notre orgueil intellectuel", a-t-il préconisé.

Des milliers de fidèles

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Plusieurs milliers de fidèles ont assisté à la nuit tombée à l'inauguration d'une crèche géante, au son de musettes, de vielles et de cantiques populaires italiens mais aussi d'autres pays. Un chant de la Bavière, d'où est originaire Joseph Ratzinger, a été interprété en son honneur.

Le pape est apparu peu après 18 heures (17 heures GMT) pour regarder la crèche depuis une fenêtre de ses appartements. Il a alors allumé une lampe à huile. Il l'a soulevée en direction de la foule, faisant le signe de la Croix, pendant que les joueurs de musette jouaient le cantique italien "Tu scendi dalle stelle" ("Tu descends des étoiles").

La crèche, qui reproduit le caractère du paysage et de l'habitat du Proche-Orient, se trouve à côté d'un sapin géant offert par l'Ukraine qui brille de mille petites lumières. Des crèches, qui traditionnellement montrent Marie et Joseph autour de la mangeoire où nait Jésus, à côté d'un âne et d'un boeuf, sont inaugurées la veille de Noël chaque année depuis 1982 sur la place Saint-Pierre, selon une coutume voulue par Jean Paul II.

Les festivités de Noël se poursuivront dimanche, avec la bénédiction solennelle du pape et son message "à la ville et au monde". Il invite à la prière et à la solidarité dans différents conflits et drames de l'actualité.

"La paix au Proche-Orient"

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Le ton était beaucoup plus politique et surtout plus grave, printemps arabe oblige, à Bethléem, en Cisjordanie. Mgr Fouad Twal, 71 ans, la plus haute autorité catholique romaine en Terre sainte, a dit la messe de minuit en l'église Sainte-Catherine, à côté de la basilique de la Nativité, en présence du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et de milliers de fidèles. Il a abordé la question palestinienne, récemment de retour aux Nations unies avec la demande d'adhésion d'un Etat souverain de Palestine.

Notant que les Palestiniens se sont tournés vers l'ONU "avec l’espoir d’une solution juste au conflit, en ayant l’intention de vivre en paix et en sécurité avec leurs voisins", il a relevé qu'"on leur a demandé de revenir à un processus de paix qui a échoué".

"Ce processus leur a laissé le goût amer de promesses non tenues et un sentiment de méfiance", a-t-il souligné, constatant l'échec des négociations israélo-palestiniennes dans l'impasse depuis des mois, sinon des années.