Mali : les réfugiés craignent les islamistes

Boubacar Ousmane avec les hommes des différentes familles réfugiées dans la même maison.
Boubacar Ousmane avec les hommes des différentes familles réfugiées dans la même maison. © Europe1/Walid Berrissoul
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Charles Carrasco avec Walid Berrissoul, envoyé spécial au Mali , modifié à
REPORTAGE - A Bamako, il n'y a pas de camp de réfugiés et les familles s'entassent dans les maisons.  

Six mois après le début de l’opération Serval, la paix est-elle totalement revenue dans le nord du Mali ? A Tombouctou et Gao, où Valérie Trierweiler, la compagne du président de la République, s'est rendue la semaine dernière, les premiers déplacés de guerre commencent à rentrer chez eux alors que l'armée française quitte, progressivement, le terrain. Le nombre de soldats français passera de 4.000 à 2000 d’ici au mois de juillet.

>>> Europe 1 est retourné à Bamako, la capitale malienne, où encore 50.000 réfugiés du nord se trouvent, selon le haut commissariat des Nations unies. Ces hommes et ces femmes vivent dans la crainte du retour chez eux mais également dans l'inquiétude de représailles islamistes.

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© E1/Walid Berrissoul

A Bamako, il n'y a pas de camp de réfugiés. Les familles se fondent dans le décor et s'entassent par dizaines dans des maisons. Depuis un an, Nia Coulibaly et ses cinq enfants cohabitent avec trente autres déplacés. Le retour à Gao, sa ville natale, est toujours inenvisageable. "On a peur. Il y a des kamikazes à gauche et à droite. Ils sont cachés dans les villages ou bien dans la brousse. Ils ne sont pas finis… Ils sont nombreux !",  s'inquiète cette mère de famille au micro d'Europe 1.

A plus de 1.200 kilomètres, les nouvelles du nord Mali sont compliquées à obtenir. Il y a les rumeurs. Il y a aussi le petit poste de radio sur les genoux de Boubacar Ousmane, le chef de famille. "24 heures sur 24, je dors avec pour avoir les nouvelles de chez moi. Les nouvelles qu'on reçoit souvent est qu'il y a des attentats. On ne sait pas vraiment ce qui se passe", déplore ce Malien suspendu à sa radio.

Réfugiés à Bamako : "on a peur"par Europe1fr
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© E1/Walid Berrissoul

Parmi ces réfugiés, il y a des artistes à Tombouctou. Bintou Garba était une chanteuse connue jusqu'au jour où les islamistes ont menacé de lui couper la langue. "Je crains plus que les autres, mais je veux vivre là-bas. J'ai tout laissé là-bas", assure-t-elle. Ses fils l'accompagnent donc avec des instruments de fortune. Dans son boubou couleur turquoise, elle chante. Ses paroles dénoncent les exactions des islamistes et son rêve est de pouvoir, un jour, chanter sur scène à Tombouctou.