Libye : les Français rapatriés témoignent

402 Français ont été rapatriés dans la nuit de mardi à mercredi.
402 Français ont été rapatriés dans la nuit de mardi à mercredi. © MAXPPP
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avec Martin Feneau , modifié à
Rapatriés dans la nuit en France, ils racontent "les tirs en l'air" et les coups de matraque.

Alors que la répression en Libye a fait déjà au moins 300 morts, une partie des 750 Français présents sur le territoire libyen sont revenus en France dans la nuit de mardi à mercredi. Le Quai d’Orsay avait affrété mardi deux avions militaires. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Bernard Valero, 172 ressortissants étaient à bord du premier avion et 230 à bord du deuxième.

Un départ brutal

A leur descente d’avion à l'aéroport de Roissy, les rapatriés français, éreintés, ont été pris en charge par des cellules d’écoute psychologique dans le hall d’accueil de l’aéroport, où ont été disposés des victuailles et des jeux pour les enfants. Le Samu et la Croix-Rouge ont été chargés des soins médicaux.

Ces Français ont été marqués par un rapatriement brutal, sous les bruits de balles. Ils ont dû quitter la Libye en quelques heures. Antoine, missionnaire chez Total, a évoqué au micro d'Europe 1 le chaos à l'aéroport de Tripoli, bondé. Le personnel de l'aéroport a parfois dû rétablir l'ordre à coups de matraques, témoigne-t-il. Selon Sami, un autre rapatrié, près de 5.000 personnes étaient rassemblées à l’aéroport de la capitale pour quitter le pays.

"On ne s’attendait pas à ça"

"Je suis triste dans le sens où on a tout quitté", confie aussi Sami. "D’un seul coup il y a eu ce couvre-feu et l’armée qui est descendue. Les magasins ont fermé, tout le monde a arrêté de travailler", décrit-il. "J’habite là où il y a la maison de Kadhafi, il y a eu des tirs en l’air pour essayer de persuader les gens de ne pas se rassembler", ajoute le Français, qui "ne s’attendait vraiment pas à ça en Libye."

Catherine, une autre rapatriée venue accueillir son mari en pleine nuit, dit que sa vie "est en Libye". "Ça a été trop violent, on n'était pas prêts à partir aussi vite (...) pour nous c'est le flou", déplore-t-elle.

Une situation d'urgence

Le départ précipité de ces Français paraissait toutefois plus que nécessaire. Emile pense à ses amis libyens qui, eux, ne peuvent quitter le pays. "Les Libyens ont très peur. On a des amis là-bas qui voudraient partir mais qui ne peuvent pas", se désole-t-il.

Un troisième avion de l'armée de l'air, un Airbus A310, a décollé de Paris dans la matinée "à destination de la Libye pour rapatrier les touristes français bloqués en province". Ces derniers ont été regroupés dans le Sud.