Les médias dans le viseur égyptien

Les barrages se sont multipliés au Caire, mis en palce par les forces de l'ordre ou par des citoyens protégeant leur quartier.
Les barrages se sont multipliés au Caire, mis en palce par les forces de l'ordre ou par des citoyens protégeant leur quartier. © REUTERS
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avec Fabien Thelma et Antonin Amado , modifié à
Un journaliste égyptien a succombé à ses blessures après avoir reçu une balle dans la tête.

Vendredi a été à nouveau une journée de forte mobilisation, mais sans les violences qui ont eu lieu mercredi et jeudi place Tahrir. La pression à l'égard des journalistes et des Occidentaux n'a, en revanche, pas baissé d'un cran, les arrestations sans motif ayant continué dans la capitale égyptienne. De nombreux envoyés spéciaux ont à nouveau passé des heures en détention, tandis que les expatriés ont dû répondre à de nombreuses questions et traverser de multiples barrages.

Samedi matin, La chaîne de télévision satellitaire qatarie Al Jazira a annoncé que le directeur de son bureau au Caire, Abdel Fattah Fayed, et l'un de ses journalistes, Ahmad Youssef, avaient été arrêtés, au lendemain de la mise à sac du bureau.

D'autre part, un journaliste égyptien est décédé, vendredi soir, des suites de ses blessures, après avoir reçu une balle dans la tête alors qu'il filmait les manifestations depuis chez lui, sur son balcon. Ahmed Mohammed Mahmoud, qui travaillait pour le quotidien gouvernemental al Ahram, est le premier journaliste tué depuis le début de la révolte lancée le 25 janvier.

"J’ai été arrêtée, même si je n'avais aucun matériel"

Les journalistes occidentaux sont aussi dans le viseur des autorités égyptiennes. Marion Touboul, correspondante au Caire pour Europe 1, fait partie des journalistes arrêtés sans raison apparente. En route vers un hôtel pour rejoindre des confrères et suivre les évènements de la place Tahrir, son véhicule a dû franchir de nombreux barrages. "J’ai été arrêtée, même si je n'avais aucun matériel sur moi", avant d'être transférée par les forces de sécurité vers un lieu de détention.

“C’est des ordres qu’on a reçu, mais on ne vous veut pas de mal“, lui a-t-on déclaré :

"Nous avons vu des cars entiers d'étrangers emmenés aux services de renseignement pour être interrogés", a confirmé Johann Bodin, journaliste de France 24 de retour de la capitale égyptienne. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs abordé le sujet lors d'une conférence de presse à Bruxelles, tout comme de nombreux autres chefs d’Etat. "Nous condamnons avec une grande force les atteintes aux droits de la presse, à la liberté d'informer et les menaces qui ont été proférées à l'endroit des journalistes", a-t-il déclaré.

"On a eu la visite de trois hommes en civil, armés"

Mais ces arrestations en série ne concernent pas les seuls journalistes, tous les Occidentaux étant l’objet de la vigilance des forces de sécurité égyptiennes. C’est par exemple le cas d’Apolline, une étudiante française qui vit au Caire avec deux autres Français.

"On a eu la visite de trois hommes en civil, armés, qui n’ont pas décliné leur identité", témoigne-t-elle. Ces derniers les ont ensuite longuement interrogé et ont fouillé le contenu de leurs appareils photo. Son départ vers l'aéroport a également été mouvementé.

"On s'est fait arrêtés, j'étais entourée par plus de 50 hommes armés", raconte-t-elle :