Les excuses d’Obama au peuple afghan

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avec AFP
Des soldats américains ont brûlé le Coran en Afghanistan. D’importantes émeutes ont éclaté.

Le sentiment antiaméricain n'a jamais été aussi fort au sein de la population afghane en dix ans de conflit. Depuis trois jours, l’Afghanistan est secoué par de violentes émeutes en protestation à l’incinération par des soldats étrangers de plusieurs exemplaires du Coran, sur ordre d’un officier américain.

L'appel au calme de Karzaï, les excuses d'Obama

Depuis l’annonce de cette nouvelle, des milliers de personnes ont envahi les rues de plusieurs provinces, marchant aux cris de "Mort à l’Amérique". Et les appels au calme du président Hamid Karzaï n’y changent rien, tout comme les excuses de son homologue américain. "Je vous présente, ainsi qu'au peuple afghan, mes excuses les plus sincères", a écrit Barack Obama à Hamid Karzaï, invoquant une "erreur (...) commise par inadvertance" par un officier américain. Et le chef d’Etat américain d’assurer que le "responsable" devra "rendre des compte".

Quelques heures plus tôt déjà, de hauts responsables américains, à Washington comme à Kaboul, se sont confondus en excuses auprès du "peuple afghan", en plaidant l'"ignorance" et l'"erreur".

"Nous voulons que les coupables soient jugés. Les excuses, ce n'est pas assez", scandaient notamment les protestataires dans la province de Kunar, au nord-est du pays. Jeudi, trois manifestants ont été tués par balles, venant s'ajouter aux neuf autres victimes qui ont péri mercredi. Et deux soldats américains ont été tués lors d'une manifestation par un soldat afghan, qui a retourné son arme contre eux, dans la province de Nangarhar, à l’est du pays.

Un retrait d'Afghanistan plus difficile

Ces manifestations ne pouvaient intervenir à un pire moment pour les Etats-Unis, qui veulent retirer progressivement et sans trop d'embûches leurs 100.000 soldats combattants d'Afghanistan d'ici à fin 2014, en laissant un pays pacifié, notamment grâce aux discussions de paix qu'ils tentent de lancer avec les talibans au Qatar.

Dans la nuit de lundi à mardi, des exemplaires du livre saint de l'islam, confisqués à des détenus de la prison de la base américaine de Bagram, ont été incinérés. La raison, invoquée par des responsables à Washington ? Ils servaient à faire passer des messages entre prisonniers.