Les Iraniens étranglés par les sanctions

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et Ariane Lavrilleux, envoyée spéciale d'Europe 1 en Iran , modifié à
REPORTAGE - Les diplomates ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le nucléaire. Pendant ce temps-là, à Téhéran, le prix des produits de base a explosé.

L’INFO. Un nouveau round de négociations s’ouvre à Genève mercredi. Six puissances mondiales, dont la France, vont tenter de se mettre d’accord avec l’Iran sur la question du nucléaire. Pour Téhéran, l’enjeu est de taille : il s’agit de faire lever l’embargo et les sanctions qui étouffent l’économie du pays. Les États-Unis et l’Europe n’achètent plus un seul baril de pétrole iranien, ce qui prive le pays de sa principale richesse. Conséquence : l’Iran peine à acheter ou produire suffisamment pour ses 78 millions d’habitants. A Téhéran, où le salaire moyen atteint péniblement les 250 euros, les prix se rapprochent de ceux de Paris, quand ils ne les dépassent pas.

>> Au bazar de Téhéran, Ariane Lavrilleux, l’envoyée spéciale d’Europe 1 en Iran, a pu constater les conséquences des sanctions dans la vie de tous les jours des Iraniens.

L’exemple est symptomatique : le fruit le plus cultivé en Iran, la pistache, un produit de base, un peu comme la baguette en France, a vu son prix au kilo multiplié par quatre, du jour au lendemain. Pour un kilo de pistache, il faut désormais débourser 13 euros. Du coup, Mahdi, qui travaille au bazar de Téhéran, doit s’en passer. "C’est devenu un luxe de m’acheter mes pistaches. Je me limite à un sachet tous les deux mois", confie-t-il au micro d’Europe 1.

Reportage au bazar de Téhéran :

A Téhéran, les prix ont explosépar Europe1fr

"On mange moins". Une cliente du bazar explique de son côté que les noix sont devenues "hyper-chères" : "Dix euros le kilo, c’est deux fois plus cher qu’il y a deux ans ! Et c’est pareil pour le poulet, le riz". "Du coup, on mange moins. Je suis mariée depuis cinq ans mais je n’ai toujours pas d’enfant : on n’en a pas les moyens", confie-t-elle.

Tous les prix des produits de base ont au moins triplé. Un simple savon coûte aujourd’hui sept euros. Pour s’offrir un jean, il faut dépenser plus de 10% de son salaire. Alors les commerces se vident, comme au bazar, où une échoppe de tapis sur trois a tiré son rideau.

Pas un tapis vendu en trois mois. Mahdi a ainsi dû réduire sa boutique de moitié. Dans ses 7 mètres carrés, il passe ses journées à regarder les passants qui ne s’arrêtent plus. Depuis trois mois, il n’a pas vendu un seul tapis. "Avant, on avait des clients en France mais aujourd’hui ils ne veulent plus acheter, parce que quand ils entendent le mot tapis iranien, ils disent ‘ah non, à cause des sanctions on ne pourra pas vous payer, notre virement sera bloqué’", expose le vendeur.

A peine l’interview terminée, un agent de sécurité vient sermonner Mahdi. Le rappel à l’ordre est clair et net. Pas question de dire qu’il est étranglé financièrement. Car officiellement, le discours n’a pas varié : les sanctions ne changent rien et l’Iran peut encore résister.

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