Le site Quai d’Orsay piraté pour Haïti

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Maud Descamps (avec AFP)
Un collectif a mis en ligne une copie conforme du site pour réclamer le remboursement de la dette.

Même logo, même mise en page, seule la vidéo d’introduction diffère. Une copie conforme du site internet du ministère des Affaires étrangères a été mis en ligne le 14 juillet dernier par le "Comité pour le remboursement immédiat des milliards envolés d'Haïti" (Crime) sur lequel une fausse porte-parole de Bernard Kouchner indique que la France va rembourser la "dette originelle" d'Haïti.

"Mesdames et messieurs, la France a appelé à l’annulation de la dette internationale d’Haïti", déclare la jeune femme vêtue d’un tailleur devant les drapeaux français et européen. "Le désastre qui s’est abattu sur le peuple haïtien n’est pas seulement le résultat du séisme du mois de janvier, il est aussi le résultat de politiques économiques et sociales", poursuit-elle avec un léger accent québécois.

Des suites judiciaires

Un canular qui n’a pas plu au ministère des Affaires étrangères. Le site a été fermé - mais le comité en a rouvert un autre aussitôt - et le MAE a rapidement dénoncé la supercherie. Le Quai d’Orsay a menacé de poursuites ce groupe de pirates basé à Montréal, mais qui revendique aussi des membres aux Etats-Unis et en France. "Ce site Internet, créé à une adresse proche de celle de France Diplomatie, diffuse de fausses informations et copie frauduleusement le site du ministère des Affaires étrangères et européennes. Nous étudions les suites judiciaires à donner à cette situation", avait déclaré jeudi dernier le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valéro, cité par Libération.

Le groupe à l'origine du faux site Internet a jugé "ridicules" ces menaces de poursuite proférées par Paris."C'est quoi le plus grand crime? C'est quoi l'enjeu? L'enjeu ce sont les 90 millions de francs-or exigés comme prix de l'indépendance. Quand on voit maintenant les problèmes en Haïti, on peut tracer leur origine à cette dette", a affirmé une représentante du Crime lors d'une conférence de presse à Montréal.

"Ca serait un peu ridicule pour eux (les Français) de nous poursuivre pour un site web. En même temps, on continue à dire au gouvernement français qu'il faut rembourser ce qui a été payé pour l'indépendance", a-t-elle ajouté le visage masqué, précisant que la Justice ne les avait pas encore approchés.

D’autres "coups" en préparation

Portant un masque noir à la Zorro, comme les autres activistes du comité, cette porte-parole se présentant sous le faux nom de "Laurence Fabre" a expliqué que la dissimulation de l'identité des membres du groupe leur a été conseillée par un avocat. Sans dévoiler les autres projets de ce rassemblement jusque là inconnu, la jeune femme, qui s'exprimait avec un accent anglais, a indiqué qu'il ne faut pas exclure "d'autres coups" similaires.