Le Rubygate affole l’Italie

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Plana Radenovic , modifié à
Revue de presse italienne, au lendemain de l’annonce du procès de Silvio Berlusconi, le 6 avril.

A la Une de tous les journaux italiens mercredi, quasi la même photo : Silvio Berlusconi, tête baissée, l’air contrit. Et à côté, le gros titre, évoquant ce que les Italiens appellent "il caso Ruby" (l’affaire Ruby), du nom de cette jeune prostituée, mineure lors de sa liaison avec le Cavaliere.

Mardi, la juge Cristina Di Censo a annoncé que Silvio Berlusconi serait jugé le 6 avril prochain pour recours à la prostitution sur mineure, et abus de fonction. C’est la première fois qu’un président du Conseil italien est renvoyé en correctionnelle.

"La coupe est pleine"

La presse se déchaîne donc contre ce énième scandale sexuel impliquant le chef du gouvernement italien. "La misura è colma" ("la coupe est pleine"), proclame l’éditorial de La Repubblica, quotidien classé à gauche, qui s’était déjà illustré lors du "Noemigate", du nom de cette mineure qui surnommait Silvio Berlusconi "papounet". Et de fustiger "l’instinct populiste" du Cavaliere.

L’édito politique de La Stampa, quotidien plus modéré, lu surtout dans le nord de l’Italie, fustige une défaite de Silvio Berlusconi non seulement "judiciaire", car les preuves à charge contre lui sont "évidentes", mais aussi "politique".

Plus modérés car plus à droite, le quotidien économique Il Sole 24 Ore et le très neutre Il Tempo se contentent de relater les faits, déjà graves, en prenant moins position contre Silvio Berlusconi. "Tous pensent déjà à l'après-Berlusconi", d'après un article politique du Tempo.

L'opposition demande la démission du Cavaliere

Le secrétaire général du Parti démocrate (opposition), Pier Luigi Bersani, demande d’ailleurs un "vote anticipé" pour pousser le président du Conseil hors du gouvernement. Pier Luigi Bersani propose même à la droite de faire "un pacte sans Berlusconi", afin de conduire les réformes gouvernementales pendant que le Cavaliere s’empêtre dans ses frasques. Sans grande surprise, Umberto Bossi, chef de file de la Ligue du Nord, proclame, dans La Repubblica, "Silvio, je suis avec toi".

Un soutien qui ne sera pas de trop pour Berlusconi, qui risque cette fois de ne pas sortir indemne du Rubygate. L’Unità, très à gauche, s’amuse d’ailleurs du fait qu’il soit, "par hasard", jugé par "un collège de trois femmes". Le quotidien Famille chrétienne, largement diffusé en Italie, se fait à ce sujet sentencieux : "toi, Berlusconi, tu t’es servi des femmes, et d’une manière mauvaise : ces mêmes femmes te jugeront".

Le clan Berlusconi "truque" les sondages

Le journal chrétien a d’ailleurs publié un sondage, dans lequel 95% des Italiens se prononcent pour la démission du Cavaliere. L’électorat chrétien est loin d’être négligeable en Italie. Famiglia christiana accuse d’ailleurs en creux les partisans de Berlusconi de "truquer les sondages". "La même adresse IP a voté 3.000 fois non à la démission" de ce dernier, selon le quotidien.

Enfin, plusieurs journaux italiens font une revue de presse mondiale. Le Corriere della Sera se penche par exemple sur la façon dont les Etats-Unis perçoivent le "bunga bunga show".