Kasparov : Poutine proche du "stalinisme"

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Charles Carrasco avec Nicolas Poincaré , modifié à
- Le champion d'échecs espère que Hollande ne fera pas "des affaires au quotidien" avec Poutine. 

Le constat tiré par Garry Kasparov est sans appel : la Russie s'éloigne de plus en plus "du monde libre". Invité d'Europe 1 soir au moment où il publie un brûlot contre Poutine*, le champion d'échecs a fustigé jeudi le régime du Kremlin qu'il qualifie de "dictature du 21e siècle", de "dictature dans un gant de velours".

"C'est un développement naturel pour tous les dictateurs. Le temps passe et ils perdent de leur popularité. Ils doivent utiliser de plus en plus de mesures coercitives. Mais je ne serai pas trop dur en appelant ça du stalinisme. ", a-t-il affirmé sur Europe 1.

Lui-même accusé d'avoir mordu un policier lors d'une manifestation de soutien aux Pussy Riot, il considère que le régime se durcit. "Si vous êtes dans la rue, en train de manifester, même une manifestation très pacifique, vous courrez un risque d'être battu, d'être harcelé et d'être arrêté. J'ai été arrêté un certains nombres de fois. J'ai même passé cinq jours en prison. C'est très modeste, selon les normes de Poutine. Le simple fait qu'il arrête un champion du monde, qui a passé sa vie à défendre les couleurs de son pays, ça montre à quel point, il n'y a pas de limites", a déploré le champion d'échecs.

"Sarkozy et Chirac n'avaient pas honte"

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L'Occident doit-il œuvrer davantage pour la démocratie en Russie ? "Je n'attends pas grand-chose des dirigeants du monde libre", a répondu l'opposant russe. "Le temps des Churchill, Kennedy, De Gaulle, tout ça c'est du passé. Mais ce que nous demandons depuis des années c'est d'arrêter de traiter Poutine comme s'il était votre égal. Ne lui fournissez pas un crédit démocratique", a-t-il exhorté sur Europe 1.

Garry Kasparov regrette d'ailleurs des "relations commerciales" entre Etats. "Sarkozy et Chirac n'avaient pas honte de faire du lobbying pour les entreprises françaises en Russie", a-t-il critiqué avant de lancer un appel à l'actuel président français : "j'espère que François Hollande et son gouvernement ne feront pas des affaires au quotidien", confie le champion d'échecs.

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Les "leçons douloureuses" d'Obama

Quant à Obama, "il a appris au cours des quatre dernières années que ce jeu d'amitié n'offrait pas beaucoup d'avantages". Avant de détailler : "la Russie soutient toujours l'Iran. La Russie est derrière la Syrie. Elle supporte Chavez. Donc sur chaque point de conflit dans le monde, on peut voir la main de Poutine, contre les intérêts du monde libre. J'espère qu'Obama va apprendre de ces leçons douloureuses", a-t-il conclu.

*Garry Kasparov, Poutine échec et mat !, éditions de l'Herne.