Iran : l'optimisme prudent

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PHOTOS - Téhéran a fêté la victoire surprise du "modéré" Rohani. L'espoir domine aussi dans la communauté internationale.

L'info. Dès l'annonce, samedi soir, de la victoire inattendue, dès le premier tour, du candidat modéré Hassan Rohani à la présidentielle iranienne, les scènes de liesse se sont multipliées dans tout le pays. Quatre ans après la réélection controversée du conservateur Ahmadinejad, "cette victoire de la sagesse et de la modération" est saluée par la presse iranienne. Le même sentiment d'espoir domine au sein de la communauté internationale.

>> A lire également : Rohani, la victoire de "la modération".

Les Iraniens à nouveau dans la rue, mais pour faire la fête. Plusieurs milliers d'Iraniens, surveillés de loin par un important dispositif policier, ont envahi les rues de Téhéran samedi soir. Contrairement à il y a quatre ans, l'ambiance était festive…

 

Dans les rues, beaucoup de passants arboraient la couleur violette, choisie par Hassan Rohani pour sa campagne. Les posters à l'effigie du tout nouveau président étaient aussi de sortie.

Des femmes ont également été vues en train de danser ou cheveux au vent ce qui leur est normalement interdit dans l'espace public :

Dans un concert de klaxons, un bruyant "Ahmadi, bye bye" a été adressé au président sortant Mahmoud Ahmadinejad.

La revanche du mouvement vert cassé en 2009. La couleur fétiche du "Mouvement vert", né en juin 2009 pour protester contre les fraudes qui avaient permis la réélection de Mahmoud Ahmadinejad face aux candidats réformateurs, était aussi partout dans les rues.

Samedi soir, de Neda, la jeune étudiante abattue en pleine rue en 2009, à Moussavi et Karoubi, les candidats réformateurs d'il y a quatre ans, la rue iranienne a rendu hommage aux grandes figures du "Mouvement vert".

"Neda, tu nous manques" ont chanté des passants :

 D'autres demandaient la libération de Mir Hossein Moussavi et de Mehdi Karoubi, candidats en 2009 qui avaient appelé aux manifestations et qui sont en résidence surveillée depuis 2011.

Joie et prudence sur les réseaux sociaux.

Le joueur iranien de basket-ball, Arsalan Kazemi, qui exerce aux Etats-Unis, a été un des rares "people" à saluer la victoire de Rohani :

 

Certains internautes se souvenaient qu'en 1997 l'élection de Khatami avait également été saluée comme un signe d'ouverture :

D'autres soulignaient que pour être "modéré" Hassan Rohani n'en avait pas pas moins été lié à l'ayatollah Khomenei, le guide suprême.

La presse iranienne unanime. Les journaux iraniens étaient sur la même ligne dimanche pour saluer la victoire du religieux modéré Hassan Rohani à la présidence, les quotidiens conservateurs préférant, toutefois, insister sur la "victoire du peuple iranien", reprenant le message du guide suprême Ali Khamenei.

"Le soleil de la modération s'est levé", annonce le quotidien Arman :

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© CAPTURE ARMAN

Le quotidien réformateur Shargh salue "le retour de l'espoir et la victoire des réformateurs et des modérés" :

L'espoir des pays occidentaux. Les grandes capitales ont formulé l'espoir, samedi, que le nouveau président iranien Hassan Rohani réponde aux attentes de la communauté internationale concernant le dossier nucléaire  et la Syrie, tandis qu'Israël a remis en cause sa réputation de modéré.

Les Etats-Unis ont déclaré qu'ils "restaient prêts à collaborer directement" avec Téhéran sur la question du programme nucléaire iranien tout comme le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius qui a aussi évoqué "l'engagement de l'Iran en Syrie".

Voix dissonante, Israël a minimisé le rôle du nouveau président en soulignant que c'est le Guide suprême Ali Khameini qui décide de la politique nucléaire iranienne.