In Amenas : (enfin) une information judiciaire

Un an après l'attaque du site d'In Amenas en Algérie, une information judiciaire a été ouverte à Paris.
Un an après l'attaque du site d'In Amenas en Algérie, une information judiciaire a été ouverte à Paris. © REUTERS
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et Walid Berrissoul , modifié à
EXCLU - La justice française a désormais les PV d'audition de terroristes survivants, après l'attaque de 2013.

L’INFO. Il aura fallu attendre un an pour que des juges d’instruction se saisissent du dossier. Le parquet de Paris a ouvert lundi une information judiciaire sur l’attaque terroriste de janvier 2013 sur le site gazier d’In Amenas, en Algérie. Trente-huit otages, dont le Français Yann Desjeux, avaient perdu la vie, ainsi que 29 assaillants. Selon les informations d'Europe 1, la justice française a désormais en sa possession les procès-verbaux d'audition des trois terroristes survivants du commando.

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Le site d'In Amenas, à l'est de l'Algérie.

© WALID BERRISSOUL/EUROPE 1

L’Algérie réticente à collaborer avec la France. Si l'enquête a mis autant de temps à démarrer, c’est parce qu’en un an, l’Algérie n’a répondu à aucune demande française d’entraide judiciaire. Les autorités algériennes n’ont accepté de collaborer qu’avec les Américains. La raison est plus diplomatique que judiciaire. Alger aimerait acheter des drones à Washington et, en coopérant, elle imagine faire avancer son dossier.

Les policiers du FBI ont ainsi pu accéder à un élément essentiel de l’enquête : les PV d’audition des trois terroristes survivants du commando, capturés par l’armée après l’assaut contre le site gazier. Désormais, d’après les informations recueillies par Europe 1, les trois juges d’instruction français disposent eux aussi de ces précieux PV.

Des PV très précieux pour l'enquête. Ces PV devraient permettre de répondre à deux questions : par qui a tué Yann Desjeux ? Par les djihadistes ou par l'armée algérienne pendant lors de l'assaut ? L'objectif est aussi de faire la lumière sur les complicités dans cette prise d'otages. "Je ne comprends pas comment les terroristes ont pu avoir accès au site : il y avait des pass spéciaux pour la zone, l'armée surveillait, on nous a dit qu'il y avait des drones. Il y a eu des complicités internes, il y a eu des arrestations. Deux salariés du site. Une telle organisation pour pénétrer sur cette zone, c'est très étonnant, on n'arrive pas à comprendre", témoigne Murielle Ravey, une rescapée.

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"Et il y a aussi plein de zones d'ombre sur les conditions dans lesquelles les otages ont été exécutés, l'intervention de l'armée algérienne était assez musclée... Les familles doivent savoir ce qui s'est passé, pour faire leur deuil : c'est d'abord ce que j'attends. Je me réjouis de cette information qui est tombée, grâce à la justice américaine", affirme Murielle Ravey.

Les juges français doivent maintenant demander aux autorités algériennes de pouvoir enquêter sur place, une procédure qui risque de prendre des années.

>> Walid Berrissoul, journaliste pour Europe 1, est l’auteur avec Murielle Ravey, infirmière sur le site gazier attaqué en janvier 2013, d’un livre intitulé : "In Amenas, histoire d’un piège".