Guantanamo : le dernier Occidental jugé

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Europe1.fr (avec AFP)
Le procès du Canadien Omar Khadr est aussi un test pour les tribunaux voulus par Barack Obama.

Il a passé plus du tiers de sa vie dans les geôles de Guantanamo. Le Canadien Omar Khadr, âgé aujourd’hui de 23 ans, est arrivé dans le centre de rétention américain à 15 ans seulement. Le denier détenu occidental de la base militaire est jugé à partir de mardi pour crimes de guerre. Un procès qui sera aussi un premier test pour les tribunaux militaires d'exception réformés par l'administration Obama.

Enfant-soldat

Aujourd'hui solide jeune homme à la barbe fournie, Omar Khadr n'a plus rien du frêle adolescent aux joues rebondies qu'il était lorsqu'il a été capturé par l'armée américaine en Afghanistan, en juillet 2002. L'accusation lui reproche d'avoir lancé une grenade qui a tué un soldat américain. Elle l'accuse également d'avoir suivi un entraînement dans un camp d'Al-Qaïda puis d'avoir rejoint une cache du réseau d'Oussama ben Laden pour fabriquer des bombes artisanales.

Mais en raison du jeune âge de l’accusé au moment de son arrestation, personne ne peut prédire l’issue du procès, le statu d’enfant-soldat restant flou. "Cette affaire est originale parce que l'accusé était très jeune au moment des faits reprochés", a observé pour l'AFP Benjamin Wittes, expert à la Brookings Institution, un centre de réflexion de Washington. "Je suis sûr que l'administration aurait préféré que le premier procès ne soit pas celui-là, parce que ce n'est pas le visage des nouveaux tribunaux d'exception qu'elle voulait montrer."

Aveux recevables

Grièvement blessé lors de l'assaut qui a conduit à son arrestation, Omar Khadr, qui a perdu l'usage de son oeil gauche, risque la prison à vie s'il est reconnu coupable. Il affirme avoir été maltraité lors des interrogatoires qui ont suivi son arrestation. Mais le juge militaire américain chargé du procès d'Omar Khadr a décidé lundi à Guantanamo que les déclarations que le jeune Canadien dit avoir faites sous la contrainte dans les prisons de Bagram, puis de Guantanamo, étaient recevables.

Lors d'audiences préliminaires en juillet, l'accusé a annoncé qu'il renvoyait tous ses avocats - à l'exception d'un avocat militaire américain qu'il est tenu de conserver - et qu'il envisageait de boycotter les débats. "Quelqu'un doit se sacrifier pour montrer au monde l'injustice (des tribunaux d'exception) et cette personne il semble que ce soit moi", avait-il expliqué fin mai.