Guantamano, comme "une tache noire"

La prison de Guantanamo a ouvert il y a dix ans.
La prison de Guantanamo a ouvert il y a dix ans. © MAX PPP
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avec Catherine Boullay , modifié à
TEMOIGNAGE - Saber Lahmar a été libéré. Mais il reste dans un no man’s land juridique.

La prison de Guantanamo, ouverte il y a dix ans, est le symbole de la guerre contre le terrorisme menée par George Bush. Son successeur, Barack Obama, avait promis de la fermer. Aujourd’hui, 171 détenus y sont toujours incarcérés, dont 85 reconnus libérables mais qui restent en prison, faute d’argent et de pays pour les accueillir. Saber Lahmar, 44 ans, a quant à lui passé huit ans à Guantanamo Bay. Mais cet Algérien, aujourd’hui libre et accueilli par la France, se retrouve dans un véritable no man’s land juridique.

Saber Lahmar vit dans un petit appartement à Bordeaux. Libéré en 2009, il a raconté son calvaire à Europe 1. Sur les huit ans passés dans la prison, il en a passé sept à l’isolement. Il se souvient de la torture et de n’avoir "pas dormi" pendant six mois. "C’est toujours une tache noire dans le cœur", confie-t-il. "Mon corps a quitté Guantanamo, mais mon cœur est toujours dans la prison", estime-t-il.

"Mon coeur est toujours dans la prison" :

La France l’a "laissé tomber"

Il n’a ni passeport français, ni passeport algérien. Il n’a pas le droit de quitter la France, même pas pour se rendre en Bosnie où vivent ses deux enfants. Son avocat, Me Christian Blazy, affirme que quel que soit l’endroit où il demande à éclaircir sa situation - préfecture, mairie, consulat algérien - on lui fait toujours la même réponse : "on ne peut pas traiter votre cas". "Lui aujourd’hui n’a rien, il a été laissé tomber par le gouvernement français", dénonce l’avocat.

Me Christian Blazy est persuadé que les Etats-Unis ont versé à la France une somme pour la réinsertion de son client. Aujourd’hui, il demande à connaître le montant de cette somme, et réclame surtout qu’elle soit versée à Saber Lahmar en réparation des années perdues.