Etats-Unis : Kerry, le diplomate aguerri

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Charles Carrasco avec AFP
PORTRAIT - L'ancien candidat à la présidentielle de 2004 va diriger le département d'Etat américain.

Barack Obama dit de lui qu'il est tout simplement le "candidat parfait" pour diriger la diplomatie de la première puissance mondiale. C'est donc tout naturellement que le président des Etats-Unis a nommé vendredi John Kerry pour prendre la succession d'Hillary Clinton à la tête du département d'Etat.

Reste à transformer l'essai en recueillant une "supermajorité" parmi ses collègues au Sénat pour entrer en fonction. Ce qui, pour ce "routard" de l'étranger, ne sera qu'une formalité.

Le cousin germain s'appelle Brice Lalonde

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Catholique, marié à l'héritière de la marque "Heinz" (les ketchup), John Kerry est le fils d'un pilote de la Seconde Guerre mondiale, lui-même déjà diplomate. Petit, il grandit déjà au plus près des événements du monde. Il raconte s'être aventuré en vélo dans Berlin-Est, à l'époque où son père était en poste en Allemagne. Le chemin est vite tracé. Après des études à l'Université de Yale, il s'engage dans l'armée et se bat au Vietnam avant de dénoncer la guerre publiquement à son retour en 1971.

Mais John Kerry connaît aussi l'Europe et la France, où ses parents passaient de nombreux étés. Le sénateur parle très bien français. L'un de ses cousins germains s'appelle Brice Lalonde, l'écologiste français à la tête de la conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20).

Des copains républicains

Rapidement, la politique finit par le rattraper. Il est élu sénateur du Massachusetts et ce, sans discontinuer depuis 1984. Il se fait connaître de la plupart des Américains en portant les couleurs démocrates à la présidentielle de 2004. Face au président George W. Bush, il dénonce les mauvais renseignements ayant conduit au déclenchement de la guerre en Irak et fait du rétablissement du prestige américain une priorité de sa campagne. Tout en cultivant certains paradoxes. Le président sortant, qui sera réélu, rappelle au sénateur Kerry qu'il avait voté pour la guerre, comme nombre de ses collègues.

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L'homme et sa stature font consensus même dans le camp républicain, chez qui il compte de nombreux amis. A commencer par un certain John McCain, le républicain, qui a affronté Barack Obama lors de son élection en 2008. Dans la "course" à cette fonction prestigieuse qu'est le département d'Etat, John Kerry, bien "aidé" par l'opposition qui accuse Susan Rice d'avoir trompé les Américains sur l'attaque de Benghazi, aura eu le dernier mot. Incidemment, les républicains étaient nombreux à suggérer le nom de John Kerry comme un choix préférable.

"M. le Secrétaire d'Etat", s'était même permis John McCain pour désigner John Kerry lors d'une conférence de presse commune sur un autre sujet. "M. le président", avait riposté, pince-sans-rire, John Kerry. "Voilà ce qui arrive quand vous mettez deux perdants ensemble!" avait-il ajouté, cette fois en éclatant de rire.

Dans le palais d'Assad

Depuis son élection à la tête de la commission des Affaires étrangères, du Sénat, fin 2008, John Kerry est partout. Barack Obama l'envoie comme émissaire sur les dossiers chauds de la diplomatie, notamment au Moyen-Orient. C'est lui que le président dépêche à Islamabad pour tenter d'apaiser en mai 2011 les alliés pakistanais, qui n'avaient pas été informés par Washington du raid contre Oussama ben Laden, le chef d'Al-Qaïda, sur leur territoire.

En février 2009, il est l'un des trois parlementaires américains à visiter la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, que les Etats-Unis considèrent comme un groupe terroriste. Il est aussi l'un des rares dirigeants américains à être entré dans le palais de Bachar al-Assad en Syrie avant le début de la rébellion.