En Russie, la neige cause 3 jours de bouchons

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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Les critiques fusent après ce gigantesque embouteillage qui a paralysé de milliers d'automobilistes.

La Russie est habituée aux situations climatiques extrêmes. Et pourtant des chutes de neiges ont paralysé pendant trois jours des milliers de conducteurs sur la route entre Moscou, la capitale, et Saint-Pétersbourg.

Cet épisode, qui a suscité l'exaspération de nombreux automobilistes coincés dans le froid, a contraint le gouvernement russe à faire son mea-culpa.

Près de 4.000 conducteurs paralysés

Durant trois jours, la télévision russe a montré en boucle des images de poids lourds au point mort sur l'autoroute "Rossia", longue de 700 kilomètres. Le bouchon s'est étendu sur près de 190 kilomètres, bloquant, dans des températures avoisinant les -5° C, plus de 4.000 conducteurs, notamment dans la région de Tver.

Un routier, Oleg Bachilov, racontait dimanche que son poids lourd n'avait pas avancé depuis cinq heures. "Nous n'avons fait qu'un kilomètre dans la journée", a-t-il déclaré sur la chaîne Rossia 24. "De nombreuses personnes sont sur la route depuis trois jours. Il n'y a pas de nourriture, le carburant s'épuise. Les gens ne voient pas l'aide qui est soi-disant accordée", avait raconté à Ria Novosti un autre chauffeur.

Bouchon monstre entre Moscou et St-Pétersbourgpar BFMTV

 Les ratés des autorités

Moscou

Des volontaires ont, dès lors, dû venir en aide aux automobilistes, leur distribuant de la nourriture, de l'eau et des vêtements chauds. Mais les autorités ont admis que ce dispositif n'avait pas toujours fonctionné. "Nous avons eu des problèmes (...) pour assurer aux conducteurs de la nourriture, de l'eau et des médicaments", a concédé le ministre russe des Situations d'urgence, Vladimir Poutchkov. "Les systèmes visant à tenir informés les conducteurs n'étaient pas prêts", a-t-il également reconnu.

Le gouvernement russe est donc une nouvelle fois pointé du doigt. Déjà au mois de juillet lors des inondations qui ont fait plus de 170 morts dans le sud ouest du pays, certains habitants avaient exprimé leur colère, assurant n'avoir reçu aucune alerte de cette crue de la part des autorités. Deux hauts responsables du district avaient d'ailleurs été limogés.

Après cet incident routier, les automobilistes dénoncent une nouvelle fois le manque d'organisation. "Qui est le coupable ? Je pense que c'est le gouverneur qui doit être démis de ses fonctions", a indiqué un internaute sur le réseau social Vkontakte, l'équivalent russe de Facebook, où un groupe sur l'embouteillage a été créé. "On a l'impression qu'il y a deux Russie. Celle des écrans de télévision, et celle de la réalité", a de son côté déclaré Valéri Voïtko, représentant d'un syndicat de routiers au site d'informations en ligne Gazeta.ru.

Encore 40 km de bouchons

medvedev

Lundi, la situation était revenue à la normale, selon le ministère des Situations d'urgence. Mais de nombreux conducteurs ont fait état dans la soirée de nouveaux embouteillages. "Cela fait plus de trois heures que nous ne bougeons plus", a déclaré l'un des automobilistes, Alexandre Tolstoï, à l'agence Ria-Novosti, précisant que le bouchon s'étendait encore sur 40 km.

Lors d'une réunion lundi, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a dénoncé la mauvaise gestion de la situation, et appelé à en tirer des enseignements. "Il est clair que les chutes de neige sont inévitables, mais il faut agir de manière opérationnelle et essayer d'empêcher ce genre d'embouteillages", a-t-il déclaré lors d'une réunion gouvernementale.

Même son de cloche chez le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, présent à la réunion : "de nombreux automobilistes se sont retrouvés sans vivres et sans carburant au milieu des forêts", a-t-il reconnu alors que ce n'est encore, en ce mois de décembre, que le début de l'hiver en Russie.